Origine et histoire
L'abbaye de la Grâce-Dieu, ancienne abbaye cistercienne située sur la commune de Benon en Charente-Maritime, remonte au milieu du XIIe siècle. Sa fondation est tantôt attribuée à Guillaume X du Poitou en 1136, tantôt rattachée aux moines de Clairvaux vers 1135, avec des dons d'Aliénor d'Aquitaine et du roi Louis VII. Fille de Clairvaux, elle a elle‑même fondé l'abbaye de Charon et les prieurés de la Névoire et de Rioux. Au Moyen Âge les moines réalisent d'importants travaux de mise en valeur des terres, notamment l'assèchement des marais d'Andilly, et l'abbaye jouit d'une prospérité prolongée jusqu'à la fin du XIVe siècle. Incendiée peu avant 1395 pendant la guerre de Cent Ans, elle est ensuite reconstruite mais subit de nouveaux pillages et destructions. À la fin du XVIe siècle, elle est dévastée lors des Guerres de Religion, notamment dans le contexte des opérations liées au siège de La Rochelle. À partir de 1574 la gestion passe en commende, ce qui, avec les troubles religieux, contribue au déclin de la vie monastique ; en 1723 il n'y avait plus que quatre religieux. L'abbaye est partiellement rebâtie aux XVIIe et XVIIIe siècles ; au XVIIe siècle les reconstructions sont menées sous l'impulsion des abbés Hugues Morisset et Élie Chevrauld, et de grands travaux ont lieu au XVIIIe siècle. Le grand logis abbatial porte la date de 1709 ; la nouvelle église commencée en 1733 sera démolie après 1791. Parmi les vestiges subsistent un important corps de logis du XVIIe siècle, rectangulaire et cantonné de deux pavillons, qui conserve des vestiges de la salle capitulaire médiévale dont trois ouvertures du XIIIe siècle. On trouve aussi un pigeonnier à fût rond reconstruit en 1720, une maison abbatiale vraisemblablement érigée en 1663 de plan rectangulaire et des bâtiments de communs entourant la maison abbatiale. L'église abbatiale médiévale mesurait 41 mètres de long, 11 mètres de large et 16 mètres sous voûte. L'abbaye était connue pour une fontaine dite miraculeuse, vers laquelle se déroulait un pèlerinage annuel les 14 et 15 août. Pendant la Révolution française l'ensemble est vendu comme bien national : la vente a eu lieu le 25 février 1791 et l'acquéreur mentionné est Thomas‑Jean Main pour 350 100 livres. Le domaine est acquis le 7 décembre 1893 par Louis Godet, dont la famille transmet la propriété à la descendance par alliance avec la famille de La Motte Rouge. Aujourd'hui le site sert de lieu de réception (mariages, séminaires, hébergement) et les propriétaires actuels, Elisabeth et Olivier de Villeneuve, descendants des familles Godet et La Motte Rouge, y mènent des travaux d'entretien et de rénovation.