Origine et histoire de l'Abbaye de Port-Royal
L'ancienne abbaye de Port-Royal de Paris, aujourd'hui intégrée à l'hôpital Cochin et longée par le boulevard de Port-Royal, est inscrite aux monuments historiques depuis 1928. Fondée au XVIIe siècle pour décongestionner la maison mère de Port-Royal des Champs, elle fut fermée en 1790 après l'expulsion des religieuses, qui furent ensuite remplacées par les visitandines.
L'hôtel de Clagny, construit par Pierre Lescot au faubourg Saint-Jacques entre 1566 et 1569, passa à son neveu Léon Lescot puis fut transmis et échangé en 1623-1624 avec Angélique Arnauld, abbesse de Port-Royal des Champs. Remanié vers 1626 pour accueillir le couvent cistercien de Port-Royal, il permit de décharger la maison mère de Magny-les-Hameaux. Angélique Arnauld prit possession des lieux en 1625 et fit appel à l'architecte Antoine Le Pautre pour édifier des bâtiments monastiques ; l'église fut bénie en 1648 sous le vocable du Saint-Sacrement.
La chapelle fut construite entre 1646 et 1648 sur des plans d'Antoine Lepautre ; une décoration intérieure riche, prévue initialement, fut finalement refusée par mère Angélique au profit d'un dépouillement monastique. Le cloître fut élevé entre 1652 et 1655. Agnès Arnauld, sœur d'Angélique, lui succéda comme abbesse de 1661 à 1671 et fixa dans les Constitutions du monastère des règles strictes pour le choix des sœurs converses. Deux guérisons miraculeuses sont attestées dans l'enceinte du couvent : celles de Marguerite Périer, nièce de Blaise Pascal, et de sœur Catherine de Sainte Suzanne, fille de Philippe de Champaigne.
L'institution fut un foyer du jansénisme ; en août 1664 des sœurs ayant refusé de se rétracter furent expulsées et remplacées par les visitandines, qui occupèrent le couvent jusqu'à la Révolution. Fermé en 1790, l'ensemble servit ensuite de prison de 1790 à 1795, dite prison de Port-libre ou de la Bourbe, où furent détenus notamment Chrétien Guillaume de Lamoignon de Malesherbes et Madame de Tourzel. Par arrêté du 19 octobre 1928 les façades des bâtiments entourant la chapelle furent inscrites au titre des monuments historiques ; la chapelle, le chœur des religieuses, les façades et toitures du pavillon d'administration, le cloître et l'ancienne salle capitulaire furent classés par arrêté du 24 octobre 1933.
Après la Révolution, l'Hospice de la Maternité, créé par la Convention, fut transféré sur deux sites dont le couvent de Port-Royal ; l'hospice prit possession de Port-Royal le 17 octobre (an IV) et reçut ses premières femmes enceintes le 1er août 1796. L'hospice réunissait les services d'aide aux femmes en couches et de lutte contre l'abandon des nouveau-nés ; les accouchements furent partagés entre Port-Royal et l'Hôtel-Dieu jusqu'au 9 décembre 1797, date à partir de laquelle Port-Royal abrita la section allaitement tandis que les accouchements se tenaient à l'Oratoire. En 1814, les services de maternité furent transférés à Port-Royal, qui prit officiellement le nom de Maternité de Port-Royal.
La clinique Baudelocque, créée en 1890 par la faculté de médecine dans les jardins de la maternité à l'ouest du cloître et nommée en hommage à Jean-Louis Baudelocque, inaugura l'un des premiers laboratoires de radiographie le 14 mai 1897. La clinique fut frappée par un obus lors du bombardement de Paris le 11 avril 1918, causant vingt victimes. De nouveaux bâtiments destinés à l'enseignement et à la recherche obstétricale furent édifiés entre 1922 et 1929.
Au début des années 1950, le pédiatre néonatologue Alexandre Minkowski fonda à la maternité Baudelocque le premier centre de soins pour les prématurés et créa en 1955 le laboratoire « Biologie du développement fœtal et néonatal », qui deviendra en 1964 l'unité Inserm 29, dirigée par Minkowski jusqu'en 1985. À partir de 1960, les maternités Baudelocque et Port-Royal partagèrent leurs registres et furent progressivement rattachées à l'hôpital Cochin ; en 1966 la Maternité Port-Royal fut installée dans de nouveaux bâtiments tandis que le cloître, la chapelle et la salle capitulaire de l'abbaye furent conservés et intégrés à l'hôpital, le cloître abritant la direction. La même année, Minkowski créa dans le bâtiment de Port-Royal le premier service de réanimation et de néonatalogie qui porte aujourd'hui son nom. Les bâtiments de la clinique Baudelocque ont été démolis en 2007.
La chaire obstétricale de la Maternité de Port-Royal fut occupée par Maurice Lacomme (1950-1955) puis par Jacques Varangot (1957). La chaire obstétricale de la clinique Baudelocque fut successivement tenue par Adolphe Pinard (1889), Alexandre Couvelaire (1914), Louis Portes (1944), Maurice Lacomme (1955-1967) et François Lepage (1968-1974). Les abbesses de Port-Royal de Paris se succédèrent, de 1626 à 1790, à commencer par Angélique Arnauld, suivie d'Agnès Arnauld, puis par Marie-Dorothée Perdereau, Elisabeth-Marguerite de Harlay de Champvallon, Marie-Anne de Harlay de Champvallon, Marie-Louise-Françoise de Rousselet de Château-Renauld, Henriette-Marie-Palatine de Dio de Montpeyroux, Louise-Claire de Montmorin de Saint-Hérem, de nouveau Henriette-Marie-Palatine de Dio de Montpeyroux, et enfin Marie-Jeanne-Florimonde de Dio de Montpeyroux. Parmi les personnalités locataires de l'abbaye figurent Henriette-Marie Le Hardy de la Trousse (1727), Geneviève Charlotte Gervais (1762) et Christine Cotte (1784).
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