Origine et histoire de l'ancienne abbaye
L'ancienne abbaye de Saint-Avit-Sénieur se situe dans la commune éponyme en Dordogne et figure, depuis 1998, sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco au titre des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France. Selon la légende, Avit aurait servi Alaric tout en demeurant fidèle à sa vocation religieuse, puis, après un passage au monastère de Bonneval en Poitou, se retirer dans la solitude à l'emplacement de l'église actuelle. Le prieuré est mentionné dès 1096 dans une bulle pontificale relative aux biens de Saint-Sernin de Toulouse ; à la fin du XIe siècle la communauté était réduite, et elle compte sept moines en 1120. Trois inscriptions lapidaires dans l'avant‑chœur indiquent la translation du corps de saint Avit en 1118 et la consécration d'un autel par Guillaume d'Auberoche en 1117, ainsi que la consécration d'un autel dédié à saint Jacques en 1142. La construction de l'église romane commence au début du XIIe siècle et est poursuivie par des chanoines augustiniens. L'édifice, d'une ampleur liée au pèlerinage autour des reliques de saint Avit, associe une puissance romane de plan monastique et des voûtes d'ogives construites aux siècles suivants. La question de l'existence originelle de coupoles fait l'objet de débats entre spécialistes, tandis que les voûtes d'ogives, de style angevin, datent des phases de remaniement médiéval. L'église est sécularisée en 1292. Elle a eu de puissants protecteurs au fil du temps, notamment Henri III, Richard Cœur de Lion, Saint Louis et Philippe III. En 1577, lors des guerres de religion, Annet de Commarque s'empare du lieu : les chanoines qui résistent sont tués ou faits prisonniers, l'église est saccagée, le cloître incendié et le clocher nord démoli ; le monastère tombe en ruine et le cloître sert ensuite de cimetière communal. Le chapitre est rattaché à celui de Sarlat en 1685 et l'abside semi‑circulaire d'origine est remplacée par une travée rectangulaire au XVIIe siècle. À une époque indéterminée, une enceinte fortifiée avec fossés secs englobe l'église, le cloître et le bâtiment aujourd'hui presbytéral. L'église et les vestiges de l'abbaye sont protégés : l'édifice figure sur la liste des monuments historiques dès 1862 et les vestiges de l'ancienne abbaye sont classés par arrêté en 1964. Des campagnes de restauration et de consolidation ont été menées aux XIXe et XXe siècles, notamment à partir de 1883 par l'architecte diocésain Rapine ; des travaux récents ont permis la réouverture au public et la pose de vitraux nouveaux en 2001. Sur le plan architectural, l'église conserve une nef unique de grandes proportions, une travée d'avant‑chœur plus large et un chœur court voûté en berceau fermé par un chevet plat postérieur aux guerres de religion. Les murs de la nef sont renforcés par une haute arcature qui porte une coursière, et de puissants piliers soutiennent d'imposants arcs doubleaux et formerets ; ces dispositions laissent apparaître l'intention originelle d'un système à coupoles ou à voûtes élevées. Des traces de calcination manquent sur les voûtes, ce qui indique leur réalisation après l'incendie général qui affecta l'abbaye. Le décor sculpté roman, aujourd'hui partiellement abîmé, offrait autrefois des palmettes, des billettes et des rinceaux sur les impostes et les chanfreins des coursières. Des peintures murales médiévales subsistent : des fragments du XIIIe siècle apparaissent sur trois travées de voûte et les murs latéraux, tandis que des peintures du XIVe siècle, redécouvertes sur le mur sud, présentent des médaillons alignés évoquant des tissus orientaux et une litre funéraire noire. Parmi le mobilier, le bénitier d'entrée est un vestige ancien attribué au IXe siècle ; le retable baroque date du XVIIIe siècle et l'autel doré est contemporain. L'ensemble monastique n'existe plus que sous la forme de ruines : l'accès au cloître se fait encore par la face ouest, par une porte en plein cintre, et ne subsistent que le mur fermant la galerie ouest, le mur extérieur de l'église au nord et le mur formant le fond de la galerie au sud, tandis que la face est montre quatre arcatures ouvrant sur la salle capitulaire. Enfin, l'église a servi de décor pour une production audiovisuelle contemporaine, ayant accueilli le tournage de la série Draculi & Gandolfi.
