Origine et histoire
L'ensemble bâti, en grande partie daté du début du XVIe siècle, se compose d'un corps principal à rez-de-chaussée, un étage et un vaste comble, terminé à chaque extrémité par un haut pignon orné de crochets sculptés. Dans l'axe de la façade sur cour, au premier étage, une grande baie à meneau et traverse en pierre est encadrée de colonnettes à base polygonale et coiffée de pinacles à crochets ; son appui et son bandeau supérieur sont sculptés d'entrelacs typiques du XVIe siècle. Deux tours octogonales occupent les angles formés par le corps principal et les ailes en retour ; la plus importante abrite un large escalier en pierre à noyau central et s'ouvre sur une porte du XVIe siècle surmontée d'arcs en accolade ornés de crochets et de fleurons sculptés. Aux étages, deux croisées de la même époque sont décorées de bandeaux sculptés, et la tour est ceinte d'un bandeau en pierre orné de pampres et d'entrelacs. Aux retours est et ouest subsistent plusieurs travées d'un portique dorique du XVIe siècle dont l'entablement porte tryglyphes et rosaces ; une galerie à colonnettes le surmontait, dont quelques éléments demeurent. Le logis pourrait dater du XVe siècle ; les galeries et les tours ouest et nord-est sont attribuées à la fin du XVIe siècle ou au début du XVIIe siècle, avec des travaux secondaires au XVIIIe siècle. L'édifice a été restauré entre 1960 et 1966 ; la porte provenant de la caserne Toiras y a été installée à cette occasion.
L'hôtel de Clerjotte, hôtel particulier du XVe siècle, abrite le musée municipal Ernest-Cognacq, situé au cœur de Saint-Martin-de-Ré. Ernest Cognacq acquit en 1906 les collections de l'érudit Théodore Phelippot pour les offrir à sa commune natale ; le premier musée ouvrit en 1907 dans l'hôtel des Cadets-Gentilshommes, puis les collections furent transférées à l'hôtel de Clerjotte après sa restauration. En 2006 une aile contemporaine a été ajoutée, inaugurée le 23 septembre 2006, et les jardins à la française ont été aménagés en 2007. Labellisé musée de France, l'établissement conserve les patrimoines historiques, militaires, artistiques et oraux de l'île de Ré. Le parcours permanent présente l'histoire de l'île, des premiers peuplements à nos jours, comprend un espace consacré au bagne et plusieurs salles thématiques dédiées aux fortifications de Vauban, à la marine, à la céramique et aux beaux-arts. Le musée organise tout au long de l'année des expositions temporaires et soutient la création contemporaine ; parmi les manifestations passées et récentes figurent "Costumes" (1996), "Saint-Martin sur la route du bagne" (1998), "Le petit train de l'île de Ré" (2003), "Larguez les amarres" (2009), "Estampes, Zao Wou-Ki – Richard Texier" (2018), "Louis Suire" (2019), "Pierre Tardy, peintre de la mémoire rétaise" (2021), "À la table des rétais" et "Portraits de Rétais, pastels d'Honoré Patureau" (2022), "ETIENNE-ARCABAS" (2023), ainsi que "Rémi Polack" et "Peindre le bagne" (2024).
Les dons des XIXe et XXe siècles ont enrichi les fonds Phelippot et Atgier, et depuis les années 1990 la municipalité et l'Association des amis du musée recherchent une politique d'acquisition plus cohérente. Le récolement décennal achevé au 31 décembre 2015 recense 14 169 objets répartis en anthropologie, archéologie, arts graphiques, beaux-arts, céramique, ethnographie extra-européenne et régionale, histoire pénitentiaire, marine, militaria, mobilier, etc. L'Association des amis du musée Ernest-Cognacq, créée sous la présidence de Gabriel Cognacq et forte d'environ quatre cents membres, contribue à l'acquisition et à la restauration d'œuvres et organise des manifestations culturelles.