Origine et histoire
L’ancienne abbaye de Saint-Amand-de-Coly, située sur la commune éponyme en Dordogne, ne conserve aujourd’hui que l’église abbatiale entourée des vestiges d’une enceinte fortifiée. À l’origine, un simple ermitage aurait été établi par Armand, chevalier d’origine limousine, et la tradition hagiographique relate aussi l’installation, au VIe siècle sur le domaine de Genuliacus (Genouillac, aujourd’hui Terrasson), du moine Sorus (Saint Sore) et de ses disciples Amand et Cyprien. Selon ces récits, le roi Gontran accorda ensuite des biens pour fonder une communauté chrétienne consacrée au martyr Julien de Brioude, et une communauté monastique s’y développa progressivement. Aux VIIIe et IXe siècles cette communauté multiplia la fondation d’édifices religieux alentour, mais l’ensemble subit des destructions lors des incursions normandes en 857. Le renouveau semble lié à l’intervention d’Odon, abbé de Cluny, qui au Xe siècle obtint la protection de l’abbaye face aux seigneurs locaux. Le plus ancien document connu citant Saint-Amand apparaît dans un rotulus de l’abbé Oliba en 1046, attestant l’existence de l’abbaye et son lien avec Saint-Sore à Genouillac. Sous l’influence de l’abbaye de Saint-Martial de Limoges, la réforme clunisienne fut imposée à Saint-Sore en 1101; certains religieux refusant cette mainmise adoptèrent la règle des chanoines augustins et s’installèrent à Saint-Amand, dont la fondation augustinienne remonte au début du XIIe siècle. L’église abbatiale, en partie élevée à cette époque, connaît au XIIe siècle une période de prospérité et étend son influence aux siècles suivants. Les murs de l’église et du couvent furent entourés de remparts, agrémentés de tours carrées, d’escaliers étroits, d’archères et de consoles de mâchicoulis, conférant à l’ensemble le surnom de « fort Saint-Amand ». Au cours de la guerre de Cent Ans et des conflits du XIVe et XVe siècles, l’abbaye subit destructions et dépeuplement; après une première destruction, peut‑être liée aux Anglais, elle est restaurée au XVe siècle et connaît une reconstruction partielle soutenue par Jean de Bretagne jusqu’au début du XVIe siècle. Les guerres de Religion l’atteignent à nouveau : occupée en 1575 par des troupes protestantes, elle est bombardée puis défendue et sommairement restaurée à la fin du XVIe siècle. Au XVIIIe siècle, la communauté décline et Louis XV autorise la suppression de l’abbaye; ses biens sont vendus à la Révolution et le château abbatial de Coly est détruit, entraînant la perte des archives. Après la Révolution l’église devient paroissiale, mais elle tombe dans le ruineux avant qu’un premier mouvement de restauration ne s’engage au XIXe siècle sous l’impulsion de l’abbé Carrier et de la population locale. Classée dès 1886, l’abbatiale fait l’objet de multiples travaux de consolidation et de restauration réalisés au tournant des XIXe et XXe siècles par des architectes tels qu’Anatole de Baudot et Rapine, qui interviennent sur la charpente, les voûtes, les murs et les soutènements entre 1894 et les années 1930. Un toit de lauzes est posé en 1947 et des consolidations complémentaires sont menées en 1962; l’ensemble est classé monument historique en 1965.