Ancienne abbaye du Lieu à Perrignier en Haute-Savoie

Ancienne abbaye du Lieu

  • 74550 Perrignier
Propriété privée

Période

XIIIe siècle, XVe siècle

Patrimoine classé

L’ancienne abbaye du Lieu avec les parcelles 13 et 1539, en totalité, et les éléments bâtis situés sur ces deux parcelles, à l’exclusion du petit bâtiment d’habitation situé au nord de la parcelle 1539 et du garage accolé à la chapelle Saint-Jean, sis chemin de l’abbaye. Les parcelles 13 et 1539, figurent au cadastre section B : inscription par arrêté du 18 novembre 2022

Origine et histoire

Située sur la commune de Perrignier, dans le Bas Chablais (Haute‑Savoie), Notre‑Dame du Lieu, dite aussi Petit‑Lieu, est une ancienne abbaye cistercienne qui a accueilli jusqu’au XVIe siècle des moniales principalement issues de la noblesse locale. Sa fondation remonte probablement au milieu du XIIe siècle ; une date de 1150 est parfois avancée, mais la première mention documentaire date de 1256. L’établissement conserva d’abord un statut modeste de prieuré jusqu’à la fin du XIIIe siècle et dépendait de l’abbaye d’Aulps ; en 1443, il passa sous la tutelle de l’abbaye de Tamié. Favorisée par les comtes de Savoie, notamment Amédée VIII et Marie de Bourgogne, la communauté bénéficia de bâtiments d’accueil en dehors de la clôture et de travaux d’agrandissement qui, à la fin du XIVe et au début du XVe siècle, conduisirent au rehaussement de l’église et lui donnèrent la hauteur qu’elle conserve encore. Un relâchement observé dans la seconde moitié du XVe siècle suscita des réprimandes, notamment de la duchesse Yolande. L’occupation du Chablais par les Bernois et les Réformés en 1536 provoqua pillages, destruction au moins partielle du chœur et du clocher, et dispersion de la communauté ; l’abbaye fut définitivement fermée par les troupes protestantes en 1538. Après la fermeture, les Bernois vendirent le domaine à des bourgeois protestants de Genève, puis il passa à la famille de La Mare. Au retour du Chablais sous la maison de Savoie, Ferdinand Bouvier obtint en 1601 l’autorisation du duc de racheter les biens ; ce gentilhomme vaudois converti au catholicisme par saint François de Sales transforma le monastère en domaine agricole. Le domaine resta dans la famille Bouvier d’Yvoire jusqu’en 1926, puis fut revendu à une nouvelle famille d’agriculteurs. Aux XIXe et XXe siècles, la plupart des bâtiments tombèrent en ruine ; subsistaient toutefois l’hôtellerie, deux petits édicules, une partie du bâtiment conventuel comprenant le dortoir et la salle capitulaire, et l’église dont la charpente fut refaite au détriment de la voûte. La construction en 1880 de la ligne ferroviaire dite « du Tonkin », située à proximité immédiate du chœur, entraîna le comblement des ouvertures inférieures du chevet et contribua probablement au délabrement des logements des moniales ; d’autres mentions indiquent que cette ligne provoqua la démolition du chevet. L’église, datée des XIIe et XIIIe siècles et rehaussée au cours du Moyen Âge, est le principal édifice subsistant et a été transformée en habitation. L’abbaye du Petit‑Lieu est fille de celle de Sainte‑Catherine du Mont. Parmi les abbesses attestées figurent Léone de la Frasse (1299), Jeanne de Neuvecelle (1530) et Claudine de Valence (1590). Le site, situé à environ six cents mètres au nord‑est du village de Perrignier, se trouve au bord de la ligne du Tonkin, à moins d’un kilomètre de la montagne de la Maladière et à environ cinq kilomètres au sud‑est du lac Léman. Ce témoignage architectural et historique illustre la présence cistercienne féminine en Savoie et les transformations religieuses et foncières qui ont marqué la région.

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