Ancienne abbaye du Paraclet à Ferreux-Quincey dans l'Aube

Patrimoine classé Patrimoine religieux Abbaye

Ancienne abbaye du Paraclet

  • 63 Le Paraclet
  • 10400 Ferreux-Quincey
Abbaye du Paraclet
Abbaye du Paraclet
Abbaye du Paraclet
Abbaye du Paraclet
Abbaye du Paraclet
Abbaye du Paraclet
Abbaye du Paraclet
Abbaye du Paraclet
Crédit photo : Andrea Rota - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

XVIIe siècle, XVIIIe siècle

Patrimoine classé

Monument d'Héloïse et d'Abélard, et sa crypte : inscription par arrêté du 6 juillet 1925. Façades et toitures de l'ancien bâtiment conventuel avec l'ancienne cuisine voûtée au rez-de-chaussée et l'escalier en bois de l'aile en retour ; façades et toitures des granges est et ouest ; grange nord-est ; pigeonnier (cad. Ferreux-Quincey 311C 293, 300 ; Saint-Aubin F 1797) : inscription par arrêté du 28 juillet 1995

Origine et histoire de l'Abbaye du Paraclet

L’ancienne abbaye du Paraclet, fondée au XIIe siècle par Pierre Abélard et Héloïse, est une maison féminine bénédictine située dans l’Aube, à l’écart de Quincey (commune de Ferreux-Quincey). Implantée au pied d’un coteau dominant le vallon de l’Ardusson, elle s’est développée dans un domaine qui bordait autrefois des vignes et des bois et approvisionnait des moulins sur ce petit affluent de la Seine. Le Paraclet s’est distingué comme chef d’un ordre spécifiquement féminin fondé sur l’érudition, le chant sacré et un effectif volontairement restreint ; il a incarné un modèle monastique original, avec prieurés annexes et une discipline stricte de clôture. L’appellation « Paraclet », qui signifie consolation, tire son origine d’un usage d’Abélard et d’Héloïse et renvoie à des débats théologiques sur le sens du terme évangélique ; la position d’Abélard sur cette question suscita des oppositions et participa à la controverse qui entourait leur projet. Le site naquit d’un ermitage et d’un oratoire confiés à Abélard, puis Héloïse y rassembla des religieuses expulsées d’Argenteuil ; Abélard écrivit pour elles une règle propre et composa un hymnaire qui fit du Paraclet un centre réputé de musique sacrée. L’établissement offrit aux religieuses un enseignement étendu — Écritures, Pères de l’Église, chant, médecine des simples, latin et même hébreu — et organisa une liturgie et un répertoire de sermons destinés à l’édification des moniales. Cette prospérité intellectuelle et liturgique provoqua des frictions avec des autorités comme Bernard de Clairvaux, et la condamnation des thèses d’Abélard fragilisa l’aura du projet sans empêcher la continuation de la communauté. Affilié à Cluny puis élevé au rang d’abbaye, le Paraclet acquit de nombreux biens et prérogatives, et son abbesse reçut une large autonomie juridique et pastorale sur les prieurés dépendants. Avec le temps, l’abbaye combina autonomie agraire et dépendance aux donations des familles locales : elle devint à la fois lieu de culture savante, centre économique et espace d’intégration pour des jeunes filles de bonne naissance. Les violences de la guerre de Cent Ans, les destructions et pillages, puis les troubles des guerres de Religion et enfin la Révolution entraînèrent dévastations, ventes et démolition de l’abbatiale ; l’ensemble des bâtiments fut remanié, partiellement reconstruit et transformé en ferme. Dès le XIXe siècle, le domaine passa entre mains privées et fut aménagé par des propriétaires successifs, puis racheté et exploité par la famille Walckenaer, qui en est toujours propriétaire et a édifié la chapelle visible aujourd’hui. Les vestiges conservent peu de traces de l’abbaye médiévale : la cave voûtée sous l’église moderne peut correspondre à une crypte d’origine, des fondations et des tombes subsistent sous le sol, et le corps de château ajouté à l’époque moderne se dresse encore dans son parc. L’enceinte, des granges, un pigeonnier et des communs offrent une lecture palimpseste des réaménagements des XVIe–XVIIIe siècles, mais l’abbatiale primitive a presque entièrement disparu. Le site demeure occupé par une ferme ; son extérieur est accessible au public selon des périodes déterminées en été, tandis que le château est une propriété privée. Certains éléments sont protégés au titre des monuments historiques, parmi lesquels l’obélisque commémoratif et l’ancienne crypte, ainsi que des façades, toitures et bâtiments conventuels et agricoles.

Liens externes