Période
XVIIe siècle, XVIIIe siècle
Patrimoine classé
Eglise, y compris les sous-sols et les galeries entourant le chevet ; avant-choeur des religieuses, son escalier octogonal, choeur des religieuses et galeries qui le bordent, ancienne sacristie des ecclésiastiques, ancienne sacristie des religieuses ; façades et toitures des bâtiments situés de chaque côté de la façade de l'église ; murs de clôture situés à droite et à gauche de la cour d'honneur, mur de clôture sur rue et grille qui le surmonte, statue de Larrey ; façades et toitures des bâtiments entourant la cour du cloître ; à l'intérieur de ces bâtiments : galeries du rez-de-chaussée et du premier étage ouvrant sur la cour du cloître, escalier d'Anne d'Autriche, ancienne salle capitulaire (cuisine), escalier d'honneur en pierre et ses dégagements au rez-de-chaussée et au premier étage, ancienne cuisine (bibliothèque), ancien réfectoire (salle d'honneur) ; dans le bâtiment Sud : escalier, vestibule et palier d'arrivée au premier étage, pavillon d'Anne d'Autriche, y compris le salon et la cheminée ; façades et toitures du bâtiment entourant au Nord, à l'Ouest et au Sud la cour de Broussais ; ancien regard des eaux intégré dans ce bâtiment ; statue de Broussais ; façades et toitures du bâtiment au Nord de la cour de l'église ; escalier intérieur du XVIIe siècle et sa rampe en fer forgé ; tous les sols et la végétation situés dans le périmètre suivant : à l'Ouest, rue Saint-Jacques et limites mitoyennes jusqu'au boulevard de Port-Royal ; au Sud, boulevard de Port-Royal jusqu'à l'extrémité orientale de la promenade des malades ; à l'Est, limite extérieure de la promenade des malades ; au Nord, limites mitoyennes jusqu'à la rue Saint-Jacques : classement par arrêté du 16 novembre 1964 ; Totalité du sol et du sous-sol des parcelles contenant les fondations de l'ancienne abbaye ; escalier dit de Mansart ; trou de service du Pavillon de la Reine ; carrières souterraines ainsi que les graffiti et inscriptions topographiques (cad. 05 : 03 BE 36 ; 05 : 03 BF 80) : classement par arrêté du 1er mars 1990
Origine et histoire de l'Abbaye du Val-de-Grâce
L'ancienne abbaye du Val-de-Grâce est située dans le 5e arrondissement de Paris; elle résulte du transfert de l'abbaye du Val profond, établie à Bièvres. Elle constitue un exemple significatif de construction religieuse du XVIIe siècle et a été désaffectée durant la Révolution pour être transformée en hôpital militaire en 1796. En 1979, l'hôpital d'instruction des armées du Val-de-Grâce a été transféré dans un nouvel établissement édifié à l'est sur l'ancien potager des bénédictines; cet hôpital a fermé en 2016. Les anciens bâtiments accueillent aujourd'hui le musée et la bibliothèque centrale du service de santé des armées, l'école du Val-de-Grâce (ancienne école d'application du service de santé des armées) ainsi que des chambres pour certains personnels hospitaliers. L'église Notre-Dame du Val-de-Grâce, qui dépend du diocèse aux Armées françaises, est accessible au public via le musée et lors des offices et concerts.
La fondation est due à la reine Anne d'Autriche, élevée dans la Contre-Réforme; après avoir rencontré la prieure Marguerite de Vény d'Arbouze au prieuré du Val-de-Grâce de Bièvres, elle fait établir l'abbaye et la confie à cette dernière en 1621. La première pierre de l'établissement parisien est posée le 3 juillet 1624 sur un terrain donné par la Couronne, ancien emplacement de l'hôtel du Petit-Bourbon, et la construction s'étend de 1624 à 1643. La première communauté se caractérise par l'austérité de sa règle et la simplicité des bâtiments d'origine. Les travaux restent inachevés pendant la disgrâce passagère de la reine en 1636-1637, liée à sa marginalisation à la cour; peu après, Anne d'Autriche devient enceinte et donne naissance au dauphin Louis-Dieudonné le 5 septembre 1638. Les décès de Richelieu et du roi Louis XIII puis l'ascension de Mazarin permettent à la régente d'entreprendre le rebâtiment voulu comme un « temple magnifique ». En 1645 Anne d'Autriche confie à François Mansart la construction d'une église et d'un palais; Mansart est renvoyé un an plus tard et l'église, en grande partie réalisée d'après ses plans, voit l'édification poursuivie successivement par Jacques Lemercier, Pierre Le Muet et Gabriel Le Duc, pour s'achever en 1667. Pendant la Révolution, les symboles royaux sont effacés et la chapelle Sainte-Anne, qui renfermait des cœurs embaumés de souverains, est profanée; l'architecte Louis François Petit-Radel retire treize urnes contenant des cœurs qu'il vend ou échange à des peintres pour la « mummie » utilisée en peinture. La Convention nationale réaffecte l'ensemble le 31 juillet 1793; il devient hôpital militaire en 1796 puis hôpital d'instruction.
Le 21 juin 2023 une explosion suivie d'un incendie provoque l'effondrement du pavillon qui ferme la cour de l'église au nord-ouest, situé au 277 rue Saint-Jacques et ayant abrité notamment la Paris American Academy; ce bâtiment classé, œuvre de Pierre Le Muet, devrait être reconstruit à l'identique. L'État a investi 1,6 million d'euros pour sécuriser le site et mener les premiers travaux de remise en état, puis a lancé en décembre 2023 un appel au mécénat visant à réunir un million d'euros supplémentaires pour restaurer les verrières et le baldaquin monumental surplombant le maître-autel et l'orgue.
Les bâtiments de l'ancienne abbaye sont classés au titre des monuments historiques (1964 et 1990). Sont notamment protégés l'église Notre-Dame du Val-de-Grâce, ses sous-sols et les galeries entourant le chevet, l'avant-chœur et le chœur des religieuses avec leurs galeries et escaliers, les anciennes sacristies, ainsi que les façades et toitures des bâtiments jouxtant la façade de l'église et entourant la cour du cloître. Le classement porte également sur les murs et grilles de clôture de la cour d'honneur, les galeries du rez-de-chaussée et du premier étage ouvrant sur la cour du cloître, l'escalier d'Anne d'Autriche, l'ancienne salle capitulaire, l'escalier d'honneur en pierre, l'ancienne cuisine devenue bibliothèque, l'ancien réfectoire transformé en salle d'honneur, le pavillon d'Anne d'Autriche avec son salon et sa cheminée, ainsi que les façades et toitures entourant la cour Broussais, l'ancien regard des eaux et l'escalier intérieur du XVIIe siècle avec sa rampe en fer forgé. Le bâtiment au nord de la cour de l'église, dont un pavillon a été détruit en 2023, fait également l'objet de protections.
Parmi les abbesses qui se sont succédé figurent Marguerite de Vény d'Arbouze (1621-1626), Louise II de Milley (1626-1637), Marie III de Burges (1637-1650), Anne IV de Compans (1650-1662), Marguerite V du Four (1662-1674 et 1683-1686), Anne V de Mangot (1674-1683 et 1686-1696), Anne VI de Barry (1696-1699), Geneviève Perreau (1699-1711 et 1718-1724), Marie-Françoise Billon (1711-1718), Magdeleine Langlois (1724-1726), Nicole de Compans (1726-1729) et Gabrielle de Migennes du Bourgneuf (1729-1789).