Origine et histoire
L'ancienne abbaye de Sainte-Enimie, située en Lozère (France), est liée à la légende selon laquelle Enimie, fille du roi Clotaire II, fut guérie de la lèpre en se baignant dans les sources de Burles. Entre le VIIIe et le Xe siècle, deux monastères — l'un de femmes, l'autre d'hommes — furent détruits par des invasions. Au Xe siècle le site paraît dépeuplé ; en 951 l'évêque de Mende céda les ruines du monastère masculin à l'abbaye de Saint-Chaffre-en-Velay, et le monastère subsista jusqu'en 1789. La chapelle moderne de l'Ermitage abrite la grotte où aurait vécu sainte Enimie. Les bâtiments conservés ne remontent pas au-delà du XIIe siècle et s'organisent en équerre sur une plateforme. Le corps de bâtiment faisant face au midi a été largement remanié ; seule une salle voûtée, à l'extrémité est, conserve des chapiteaux sculptés et une cheminée du XVe siècle à l'étage. À l'est, un bâtiment plus complet présente une longue salle de quatre travées voûtée en berceau avec colonnes engagées ; des arcs latéraux allègent les murs selon la tradition provençale. Une salle voûtée, peut-être destinée à un cellier, est conservée en sous-sol et, au-dessus, subsistent les restes d'un clocher. Plus au nord, derrière le premier bâtiment, s'élève une petite chapelle romane voûtée en berceau avec abside en cul-de-four ; toutes les autres constructions de l'abbaye ont disparu. Les sources écrites indiquent une présence monastique dès le VIe siècle, attribuée à l'évêque saint Ilère, puis un déclin avant la restauration de 951. Lors de cette restauration, le monastère fut confié à Dalmace du couvent de Saint-Théofred et placé sous la règle de saint Benoît ; l'acte de donation fut signé à Rome devant des autorités ecclésiastiques. Les terres du monastère devinrent une sauveté, ce qui a contribué au nom du causse de Sauveterre. L'établissement connut ensuite une période de prospérité et de pèlerinage ; au XVe siècle il semble avoir été élevé au rang d'abbaye et comptait alors une douzaine de moines. Une longue succession de prieurs et d'abbés est attestée, avec notamment les familles Alamand, de Châteauneuf, de Pontaut et des noms tels que François Alamand, Antoine Raymond ou Jean Malroux. Des protections et privilèges royaux ou pontificaux sont mentionnés, ainsi que des mesures pour la sauvegarde des biens du monastère. À la fin de l'Ancien Régime, la sécularisation et les mesures révolutionnaires entraînèrent la suppression de la vie monastique ; l'abbaye fut vendue comme bien national, morcelée et partiellement incendiée. Aujourd'hui, la bourgade de Sainte-Enimie conserve principalement l'ancien réfectoire et la chapelle Sainte-Madeleine, le réfectoire servant parfois de lieu d'expositions. L'ancienne abbaye est classée au titre des monuments historiques.