Origine et histoire
L'abbaye Notre‑Dame de Langonnet, située dans le Morbihan au sud‑est du bourg de Langonnet sur la route de Plouray, est une ancienne abbaye cistercienne relevant du diocèse de Quimper (aujourd'hui Vannes) et du doyenné de Gourin ; elle a été inscrite aux monuments historiques par arrêté du 25 septembre 1928. Selon l'historiographie traditionnelle (Gallia Christiana), la fondation est probablement due au duc de Bretagne Conan III en 1136 ; douze moines venus de l'abbaye de l'Aumône (diocèse de Chartres) s'y installent alors. Les archives médiévales ont été presque entièrement détruites pendant les guerres de la Ligue ; l'histoire de l'abbaye nous est connue par des sources indirectes comme le cartulaire de Saint‑Croix de Quimperlé, des bulles pontificales et des actes ducaux. Entre 1170 et 1177, grâce à une dotation du duc Conan IV, Langonnet participe à la fondation de l'abbaye Notre‑Dame de Carnoët, dirigée par Maurice Duault, qui en devient l'abbé. Les abbés de Langonnet jouissent d'une importante renommée et sont, au XIIIe siècle, à plusieurs reprises représentants du pape. L'abbaye connaît une grande prospérité dont témoignent son enclos monastique et son vaste temporel, mais elle subit de nombreuses destructions au cours des conflits, notamment pendant la guerre de Succession de Bretagne et les troubles des XVIe et XVIIe siècles, puis fait l'objet de reconstructions à différentes époques.
À la fin du XVIe siècle les moines sont chassés lors des troubles de la guerre de la Ligue et l'église est utilisée comme écurie ; la communauté retrouve une partie de ses bâtiments et procède à des réparations aux XVIIe et XVIIIe siècles, l'église étant notamment consacrée en 1789. Pendant la Révolution les religieux sont expulsés et l'abbaye vendue comme bien national ; elle est louée à la famille Bréban qui y abrite des prêtres réfractaires, puis devient un refuge pour les Chouans et un poste occupé et vandalisé par des soldats républicains. Le 24 pluviôse an IX (13 février 1801) un détachement de gendarmes du Faouët est attaqué dans l'abbaye par une cinquantaine d'hommes armés. Par décret du 10 juin 1806 Napoléon Ier institue à Langonnet le premier haras public de Bretagne, qui fonctionne jusqu'au milieu du XIXe siècle avant d'être transféré à Hennebont en 1856‑1857 ; l'abbaye retrouve alors la Congrégation du Saint‑Esprit et reprend une vocation religieuse.
Au XIXe siècle des établissements scolaires, un scolasticat et un noviciat sont créés par les Frères du Saint‑Esprit et du Sacré‑Cœur de Marie ; l'abbaye accueille également une ferme modèle et devient une colonie agricole pour enfants. Au XXe siècle et jusqu'à aujourd'hui elle sert de lieu de repos pour des missionnaires spiritains, abrite un musée d'art africain constitué d'objets rapportés par les anciens missionnaires d'Afrique et accueille un centre d'animation missionnaire ; des solennités et commémorations liées aux reliques de saint Maurice de Carnoët y ont été célébrées au XXe siècle.
Le site actuel regroupe la salle capitulaire, le cloître, le logis abbatial et le logis des hôtes, la chapelle, une école (ancien logis abbatial) et divers ateliers, mais de nombreux remaniements rendent impossible la restitution du plan primitif. La salle capitulaire ogivale est l'unique vestige daté du XIIIe siècle : elle est rectangulaire, voûtée, appuyée sur deux colonnes centraux et s'ouvre sur le cloître par une porte ogivale flanquée de baies géminées inscrites dans une arcature ; à l'intérieur, aujourd'hui transformée en chapelle, elle se compose de deux nefs à trois travées dont les voûtes en pierre retombent sur des colonnes aux chapiteaux feuillus. À côté se trouve un autre espace voûté de la même époque, considéré comme l'ancien pénitencier des moines. Le cloître actuel date d'une reconstruction menée de 1930 à 1936 et la chapelle relève de la seconde moitié du XIXe siècle. Enfin, l'abbaye de Langonnet est fille de l'abbaye de l'Aumône et mère de l'abbaye de Carnoët.