Origine et histoire de l'ancienne abbaye royale
L'abbaye de Chelles est une ancienne abbaye royale de moniales bénédictines située à Chelles, à l'est de Paris. Un oratoire royal dédié à saint Georges y fut édifié en 538 dans la villa de Clotilde, épouse de Clovis. L'abbaye fut fondée avant 646 par sainte Bathilde, épouse du roi Clovis II, qui soutint l'établissement et agrandit l'oratoire de Clotilde. Elle fit construire une église dédiée à la Sainte-Croix, s'y retira vers 665 et y fut inhumée après son trépas le 30 janvier 680 ou 681 dans un mausolée placé au fond de l'abside orientale de Sainte-Croix. L'abbaye semble également avoir bénéficié du soutien de saint Éloi, à en juger par plusieurs objets précieux provenant du monastère. Sous les Carolingiens, plusieurs femmes de la famille impériale occupèrent la charge d'abbesse. En 833, Helvide fit retirer le sarcophage de Bathilde le 26 février, puis le 17 mars les ossements furent déposés dans une chapelle nouvelle derrière l'autel en présence de l'évêque de Paris après la messe. Sous le règne de Louis le Pieux, le culte de sainte Bathilde fut célébré les 30 janvier et 17 mars, avec des répons tirés de la Vita Bathildis du VIIIe siècle. L'abbaye, comme d'autres établissements religieux, souffrit matériellement et spirituellement pendant la guerre de Cent Ans et les guerres civiles sous Charles VII. À la fin du XVe et au début du XVIe siècle s'amorça un mouvement de réforme : de 1500 à 1518, les religieuses de Chelles contribuèrent à réformer treize abbayes, dont Notre-Dame du Val-Profond et l'abbaye de Montmartre à Paris. Par une bulle du pape Innocent III, entre 1198 et 1216, l'abbaye passa sous la dépendance directe du Saint-Siège tout en conservant des liens avec la famille royale pour certaines célébrations. En 1719, Louise Adélaïde d'Orléans devint abbesse en remplacement d'Agnès Charlotte de Villars ; la nouvelle abbesse était en partie influencée par le jansénisme. La même année, le compositeur Jean-Baptiste Morin fut nommé maître de musique de l'abbaye. L'abbaye subsista jusqu'à la Révolution française : elle fut fermée en 1792, vendue comme bien national en 1796 et détruite. Parmi les vestiges encore visibles figurent les églises Sainte-Croix et Saint-Georges, réaménagées aujourd'hui en centre de culture contemporaine, ainsi que des vestiges du cloître intégrés à la mairie. L'église Saint-Georges a été édifiée aux XIe et XIIe siècles sur l'emplacement du sanctuaire du VIe siècle, et l'église Sainte-Croix date du XIIIe siècle avec des remaniements au XVIe siècle. Les anciens jardins de l'abbaye correspondent sensiblement à l'actuel parc du souvenir Émile Fouchard. Les restes du cloître et les sols de l'ancienne église abbatiale ont été classés au titre des monuments historiques le 15 octobre 1974, et les églises Sainte-Croix et Saint-Georges ont été classées le 13 septembre 1984. Des fouilles du XXe siècle ont mis au jour des fragments de sculptures du XIIe siècle, certains datés des années 1110-1120 et d'autres vers 1140, conservés au musée Alfred-Bonno. Le cloître est aujourd'hui intégré à l'hôtel de ville, propriété de la commune. La gouvernance de l'abbaye fut assurée par une longue succession d'abbesses, depuis sainte Bertille, première abbesse, jusqu'à Anne de Clermont-Chaste de Gessans qui gouverna jusqu'en 1790, et inclut des figures telles que Gisèle, sœur de Charlemagne, Helvide Ire de Saxe, mère de l'impératrice Judith, et Louise Adélaïde d'Orléans. Parmi les religieuses et personnalités liées à Chelles figurent Swanahilde, Thérèse-Angélique de Pasquier de Franclieu, ancienne religieuse devenue abbesse à Yerres et décédée en 1814, et Martine du Moulin, religieuse à Chelles avant d'exercer des charges abbatiales ailleurs et morte en 1535 à l'âge de 86 ans. L'abbaye possédait et gérait des biens, comme la vente en 1179 par l'abbesse de trois quartiers de vigne à Saint-Hilaire au profit du Chapitre de Paris.
