Période
XVIIe siècle
Patrimoine classé
En totalité, les anciens bâtiments claustraux ainsi que les sols des parcelles correspondant à l'enceinte monastique, y compris celles correspondant à la cour méridionale, ainsi que les vestiges du grand portail sud de cette cour (cad. AB 317, 320 à 331, 333, 339 à 349, 351 à 363, 466, 468 à 476, 479, 480, 845, 961, 962, 1020, 1021, 1030 ) : inscription par arrêté du 21 février 2005
Origine et histoire de l'ancienne abbaye royale
L'abbaye de Saint-Thibéry est une ancienne abbaye bénédictine située à Saint-Thibéry dans l'Hérault, construite en contrebas de l'ancien oppidum protohistorique et sur l'emplacement présumé de l'agglomération romaine de Cessero, au croisement de la voie Domitienne et de la voie Mercadale reliant Agde à Lodève. Fondée à la fin du VIIIe siècle, elle a pour premier abbé connu Attilion, qui, revenu de Bourgogne, s'est établi près des tombes de trois martyrs — saint Thibéry (ou Tibère), Modeste et Florence — et serait le fondateur ou le restaurateur après une destruction par les Sarrasins. Attilion fut l'ami de saint Benoît d'Aniane et l'abbaye devint un lieu de halte pour les pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle venus honorer ces reliques. Plusieurs conciles s'y sont tenus, en 907, 1050 et 1389. En 1226, Guillaume de l'Isle, alors abbé de Saint-Pons de Thomières, présida avec d'autres abbés le chapitre général des moines noirs de la province de Narbonne qui se tint dans ce monastère ; la bulle du pape Grégoire IX, datée de Péruse le 1er juillet, confirme les statuts adoptés. L'abbaye souffrit pendant la guerre de Cent Ans mais fut reconstruite aux siècles suivants. En 1479 Louis XI lui accorda une protection royale, mais les guerres de Religion la mirent gravement en danger. Son adhésion à la congrégation de Saint-Maur, enregistrée au Parlement de Toulouse en 1639, relança la vie monastique et la même année Louis XIII lui conféra le titre d'« abbaye royale ». Comme beaucoup d'établissements religieux, elle fut vendue comme bien national à la Révolution française. L'ensemble de l'abbaye est inscrit aux monuments historiques depuis le 21 février 2005.
Des bâtiments d'origine, peu de choses subsistent ; au nord‑ouest se trouvait l'église paroissiale Notre-Dame-de-la-Salvetat, vendue et transformée en habitations lors de la Révolution. L'église abbatiale actuelle date des XIVe et XVe siècles : son abside polygonale est soutenue par des contreforts extérieurs et elle devait être prolongée vers l'ouest jusqu'à la grande tour-clocher construite entre 1520 et 1530. Une porte monumentale adossée à cette tour fut détruite au début du XIXe siècle, dont on devine encore le montant droit. Le cloître a été réaménagé au XVIIe siècle ; entre 1706 et 1710 on a édifié un grand bâtiment méridional à deux étages ouvrant sur une vaste cour, et en 1712 un corps de logis à l'est a relié ce bâtiment à la sacristie et au chœur. Au XIXe siècle le grand bâtiment méridional a été morcelé entre plusieurs propriétaires et des maisons ont été bâties dans la cour. La communauté d'agglomération Hérault Méditerranée a entrepris d'acquérir et de restaurer les anciens bâtiments monastiques.
Parmi les éléments de mobilier, Dom Bédos de Celles, résident de l'abbaye, a construit un orgue en 1752 qui fut transféré à Notre-Dame des Tables à Montpellier en 1806. Au XVIIIe siècle, quarante stalles et des lambris furent installés dans le chœur ; le maître-autel en marbre, entouré de deux anges, subsiste d'un retable du XVIIe siècle, et la chapelle de la Vierge possède un retable de François Laucel de Narbonne datant de la fin du XVIIIe siècle. Les Pénitents blancs offrirent en 1779 deux tableaux, L'Ultime Cène et Le Repas chez Simon le pharisien, restaurés en 2008, et un tableau de saint Roch du XIXe siècle, auparavant dans la chapelle des fonts baptismaux, est conservé depuis 2006 dans le presbytère.
Parmi les abbés connus figurent Attilion à la fin du VIIIe siècle, Guillaume de Canillac de 1291 à 1296, et, vers 1530, Jean Dupuy ou François Guillaume de Castelnau de Clermont-Lodève.