Origine et histoire de l'Abbaye Saint-Aubin
L'ancienne abbaye Saint-Aubin, aujourd'hui siège de la préfecture de Maine-et-Loire, est située à Angers, dans les Pays de la Loire. Elle aurait été fondée vers 535 par Childebert, fils de Clovis, et la dépouille de l'évêque Saint-Aubin y fut inhumée au VIe siècle. À l'origine occupée par des chanoines réguliers, la communauté connaît des transformations et accueille des moines bénédictins à partir de 966, lors d'une réforme de l'établissement. Des documents et des fouilles ont montré que l'enclos monastique existait dès cette période, avec quelques sépultures et un espace de cour dégagé. Une communauté canoniale avait précédemment occupé le site aux VIIIe-IXe siècles, et l'évêque Théodulf d'Orléans y fut détenu jusqu'à sa mort au début du IXe siècle. Les moines furent dispersés pendant la Révolution française. Sous la congrégation de Saint-Maur, les bâtiments conventuels furent largement réédifiés à l'époque classique ; les campagnes de 1668-1692 et de 1720-1730 ont laissé un bel escalier, l'ancienne sacristie avec ses boiseries d'origine et une salle capitulaire entièrement lambrissée. Des vestiges plus anciens subsistent toutefois : une galerie du cloître roman, découverte en 1836 et ornée de fresques, et la tour Saint-Aubin, un clocher séparé de l'abbaye élevé au XIIe siècle et culminant à 54 mètres, qui a servi de tour de guet et d'observatoire. Au XIXe siècle, l'ensemble monastique fut profondément transformé pour accueillir la préfecture : l'architecte Bouchet y installa des bureaux en 1802, le cloître fut remplacé par des portiques et des pavillons d'entrée réalisés par l'architecte François, et des salons d'apparat furent aménagés par l'architecte Lachèse. L'abbatiale fut détruite au début du XIXe siècle et son emplacement a contribué à l'aménagement de la place Michel-Debré ; la cour d'honneur de la préfecture fut fermée par une grille provenant de l'église abbatiale de Fontevraud. La tour Saint-Aubin, après des détériorations et des usages industriels puis muséaux, a été classée au titre des Monuments historiques et a connu d'autres protections ; au XXe siècle elle a accueilli un musée de l'industrie puis un observatoire météorologique, et elle sert aujourd'hui d'espace d'expositions temporaires. Le cloître roman, édifié sous l'abbatiat de Robert de La Tour-Landry au XIIe siècle, n'est conservé que par sa galerie orientale, la porte de la salle capitulaire et deux séries d'arcades ; ces arcades médiévales présentent des chapiteaux sculptés illustrant notamment des épisodes de Samson, ainsi que des peintures et des représentations de la Vierge en majesté, du cycle de David et Goliath et des scènes de l'enfance du Christ. Les tentatives de voûter le cloître au XIVe siècle ont altéré ces sculptures romanes, et les arcades subsistantes ont été protégées par un classement au titre des Monuments historiques.