Période
milieu XIIe siècle
Patrimoine classé
Les parties de l'ancienne église Saint-Laurent et des bâtiments du prieuré Saint-Laurent situées sur les parcelles n° 172, 173 et 174, figurant au cadastre section A, et la parcelle non cadastrée située sur l'emplacement de l'ancienne nef entre les parcelles 619 et 173 : classement par arrêté du 18 juillet 1996 ; Les parties suivantes de l'ancienne abbaye Saint-Laurent : les vestiges de l'église, les sols et la construction adossée aux vestiges dans la mesure où elle occupe l'emplacement de la nef, en totalité, situés sur les parcelles 619 et 621, section A, 1 place de la Mairie, les murs nord, ouest et sud de l'ancienne église, ainsi que le mur sud du collatéral nord et les sols situés sur les parcelles 618, 620 et 622, section A, 2 route de Villiers, le bâtiment nord du cloître en totalité, à l'exception de la construction moderne adossée au nord, situé sur la parcelle 710, section A, 4 route de Villiers, les façades et toitures du bâtiment ouest du cloître, situé sur la parcelle 710, section A, 4 route de Villiers, du cadastre de la commune, telles que délimitées sur le plan annexé à l'arrêté : inscription par arrêté du 11 février 2025
Origine et histoire
L'ancienne abbaye Saint-Laurent, située à Saint-Laurent-l'Abbaye dans la Nièvre, a donné son nom au village qui l'entoure. Fondée au VIe siècle par Wulfin, elle fut d'abord connue comme monastère Saint-Wulfin ou Longrest, probablement bénédictin, puis devint au début du XIe siècle une abbaye de chanoines réguliers de saint Augustin et connut une période de prospérité après son élévation. Halte sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, l'établissement atteignit à la fin du XIIe siècle une influence comparable à celle du prieuré de La Charité. Les vestiges permettent de dater la construction principale des bâtiments au milieu du XIIe siècle. L'abbaye subit de nombreux dommages au cours des siècles : une bataille tenue à proximité en 1199, la guerre de Cent Ans et les guerres de religion la laissèrent à plusieurs reprises pillée et incendiée, au point d'être presque entièrement ruinée en 1567. Une restauration eut lieu au XVIIe siècle, mais la Révolution dispersa la communauté et l'abbaye fut supprimée peu avant cette période. Au fil du temps, Saint-Laurent rassembla de nombreuses dépendances, églises, terres, moulins, vignes, bois et étangs, ainsi que plusieurs prieurés et cures tels que Saint-Eusèbe, ses possessions étant confirmées par des actes et des donations ecclésiastiques. Les décisions épiscopales et les dons successifs accrurent son influence locale, et ses chanoines intervinrent dans l'entretien et la reconstruction de bâtiments dépendants. L'église abbatiale était vaste : la nef de six travées mesurait environ quarante mètres de long et la largeur totale atteignait environ 15,50 mètres, avec un transept coiffé d'une tour octogonale percée de baies et décorée de chapiteaux sculptés. Des éléments architecturaux notables subsistent, notamment de grandes arcades de la nef intégrées à des maisons, une corniche à modillons, des chapiteaux et des restes de la coupole sur trompes, dont un relief représentant un joueur de rebec a été déposé. Le portail roman fut démonté en 1926 et certains chapiteaux vendus aux États-Unis ; une série de chapiteaux du début du XIIe siècle est conservée au musée des beaux-arts de Philadelphie, avec des motifs de visages, de feuillages, de vignes, de harpies et un homme flanqué de léopards. Les bâtiments conventuels montrent la salle capitulaire, la galerie du cloître avec trois grandes arcades, des vestiges du dortoir et des combles couverts par une charpente en carène probablement élevée au XVe siècle ; une porte romane ouvrait directement sur le transept. Aujourd'hui subsistent trois ailes de bâtiments monastiques, dont l'une est privée, une autre appartient à la commune et une troisième est utilisée par la mairie pour le culte et des salles annexes, mais l'accès aux ruines est interdit pour raison de sécurité. L'église est partiellement écroulée et le clocher s'est effondré au XXe siècle, emportant une partie du transept sud ; il ne reste qu'une petite portion du chœur et une chapelle au nord. L'abbaye porta au fil du temps plusieurs noms — Saint-Laurent-lès-Cosne, Saint-Laurent-des-Aubats, Saint-Wulfin ou Longoretense monasterium albatorum — pour la distinguer d'un établissement homonyme dans le Berry. Le monastère et la paroisse relevaient du diocèse d'Auxerre et de l'élection de La Charité-sur-Loire, et la seigneurie primitive de Longrest avait été attribuée à l'église Saint-Hilaire de Poitiers selon la tradition de la donation de Clovis. Avant la Révolution, l'effectif et les revenus de l'abbaye déclinèrent fortement, si bien qu'il ne restait que deux religieux entre 1780 et 1790. Certains vestiges de l'église et des bâtiments du prieuré ont été classés au titre des monuments historiques le 18 juillet 1996.