Période
XIIe siècle, XIIIe siècle, XIVe siècle, XVIIe siècle, XVIIIe siècle
Patrimoine classé
L'ancienne abbaye de Saint-Méen : inscription par arrêté du 20 mai 1930 ; L'église paroissiale Saint-Méen, en totalité, située sur la parcelle n° 12, figurant au cadastre section AE : classement par arrêté du 25 janvier 1990
Origine et histoire de l'ancienne abbaye
L'ancienne abbaye Saint-Méen, située à Saint-Méen-le-Grand (Ille-et-Vilaine, Bretagne), présente un édifice composite en forme de croix latine à transept saillant. Les parties les plus anciennes de l'abbatiale remontent à la fin du XIIe ou au début du XIIIe siècle, la tour étant datée de la fin du XIIe siècle. Jusqu'en 1771, l'église se composait d'un chœur à chevet droit avec collatéral nord, d'une nef, d'un transept et d'une tour centrale ; la façade principale se trouvait à l'est, correspondant à l'ancien chevet. La démolition de la grande nef en 1771 et plusieurs déplacements successifs du portail ont inversé l'orientation de l'église : l'ancien chœur est devenu la nef actuelle et la tour sert désormais de chœur. La nef actuelle, ancien chœur monastique, est voûtée en lambris de bois et communique avec un bas-côté nord par trois grandes arcades en arc brisé à multiples voussures, soutenues par des faisceaux de colonnettes aux chapiteaux ornés de motifs végétaux et animaux, dont des serpents entrelacés. Le croisillon sud du transept, appuyé par des contreforts puissants, est éclairé à l'ouest par une fenêtre en arc brisé à deux meneaux ; le croisillon nord présente un pignon percé d'une grande fenêtre en arc brisé à trois meneaux avec tympan à roses polylobées. Le grand pignon comporte une baie rayonnante à cinq meneaux entourée de treize rosaces polylobées, qui conserve des vestiges de vitraux attribués à la fin du XIIIe ou au début du XIVe siècle. Côté sud, l'ancien chœur devenu nef est flanqué d'une longue sacristie éclairée par trois fenêtres en arc brisé ; des sondages réalisés dans cette sacristie et dans la chapelle Saint-Vincent ont révélé des peintures murales datées de la fin du XIIIe ou du début du XIVe siècle. La chapelle Saint-Vincent, ancienne salle capitulaire, a été élevée à la fin du XIIIe ou au début du XIVe siècle ; ses voûtes d'ogives retombent sur des colonnettes engagées et huit chapiteaux proches du vocabulaire roman, et ses murs sont ornés d'un cycle peint illustrant la vie de saint Méen. À l'intérieur, l'ancien chœur est séparé du collatéral nord par des arcades en arc brisé reposant sur des colonnettes élégantes relevant du XIVe siècle ; des consoles en pierre soutiennent les poutres moulurées et portent écussons et grotesques. L'abbaye conserve plusieurs éléments mobiliers et tombaux remarquables, notamment le tombeau dit de Saint-Méen, remonté en 1771 dans le mur ouest du croisillon nord, des autels de style Renaissance probablement liés aux Lazaristes et un retable à colonnes du XVIIe siècle. Des sondages archéologiques ont mis au jour, au sud‑ouest de la nef, une portion de mur roman avec une double arcade à deux rouleaux centrée par une colonne dont la typologie renvoie au XIe siècle ; des bases sculptées et des fragments de peinture suggèrent une datation à la fin du XIe ou au début du XIIe siècle. La tour, haute de 46 mètres et remaniée à plusieurs reprises, montre un appareillage extérieur caractéristique des XIe–XIIe siècles, tandis que les chapiteaux intérieurs et le décor des baies ont été retouchés aux siècles suivants. Selon l'hagiographie bretonne, l'abbaye trouve son origine dans une fondation celtique attribuée à Méen vers 600 et liée à Judicaël, qui s'y retira et y mourut. L'établissement a connu destructions et restitutions : il fut détruit par les troupes franques à la fin du VIIIe ou au début du IXe siècle, rebâti en 816, incendié lors des incursions vikings de 919 puis relevé au début du XIe siècle et réimplanté en 1024 sous l'abbatiat d'Hinguethen. Les reliques de saint Méen et de Judicaël furent transférées temporairement lors des invasions puis restituées aux XIe–XIIe siècles, tandis que le monastère resta modeste malgré des patronages ducaux et royaux. À partir du XVe siècle, l'abbaye passa sous des abbés commendataires et, au XVIIe siècle, des conflits conduisirent à sa sécularisation au profit des Lazaristes ; Saint-Méen devint alors petit séminaire du diocèse jusqu'à la Révolution. L'abbaye fut déclarée bien national en 1790, donnée à la commune en 1809, puis confiée à l'évêché pour servir de séminaire diocésain jusqu'en 1905 ; les bâtiments conventuels ont été reconstruits ou adaptés à différentes époques, notamment sous Antoine Fagon entre 1698 et 1712. Au XIXe siècle l'église fut réorientée et aménagée pour le culte paroissial, le portail occidental ayant été déplacé et remonté à plusieurs reprises ; une tourelle accolée à l'ouest de la tour fut ajoutée en 1856 puis démolie au XXe siècle. Des travaux et protections récentes ont marqué le site : l'abbatial a été inscrite à l'Inventaire supplémentaire des Monuments historiques en 1930, le clocher restauré en 1970, des sondages confirmant la présence de fresques médiévales ont été menés en 1986, et l'abbatiale est classée Monument historique depuis 1990.