Origine et histoire
Ancienne abbaye Sainte-Foy — Conques (Aveyron)
L'abbaye de Conques trouve ses origines dans un ermitage fondé par Dadon à la fin du VIIIe siècle, qui évolua ensuite en communauté bénédictine. La renommée du lieu tient pour l'essentiel à l'arrivée des reliques de sainte Foy d'Agen, transférées selon les récits anciens par un moine nommé Aronisde (ou Ariviscus) entre 866 et 887, et accueillies solennellement à Conques le 14 janvier. Le culte de la sainte suscita rapidement des miracles et attira un important pèlerinage, faisant de Conques une halte majeure sur la route de Compostelle. Sur l'emplacement d'une église carolingienne fut édifiée, au XIe siècle, l'abbatiale romane actuelle, dont le chevet avec déambulatoire et chapelles rayonnantes présente une remarquable homogénéité datée de la première moitié du XIe siècle ; la consécration se situe probablement vers 1042-1051. La construction de l'ensemble s'est poursuivie avec le décor sculpté du transept vers 1070-1080, l'achèvement des tribunes à la fin du XIe siècle et la réalisation du tympan au XIIe siècle ; la nef ne sera toutefois achevée qu'au début du XIIIe siècle. La coupole de la tour-lanterne fut reconstruite à la fin du XVe siècle et les deux tours occidentales furent adaptées au XIXe siècle. L'abbatiale est considérée comme un prototype d'église de pèlerinage de l'art roman méridional et reste célèbre pour son tympan du Jugement dernier, œuvre majeure de la sculpture romane en trois registres, et pour son trésor comportant des pièces d'orfèvrerie remarquables du IXe au XVIe siècle. Parmi ces pièces, la statue-reliquaire de sainte Foy, constituée de plaques d'or et d'argent sur âme de bois et incrustée de bijoux, occupe une place centrale ; le trésor conserve aussi la châsse dite de Pépin, le « A » de Charlemagne, la lanterne de Bégon et divers reliquaires et objets liturgiques. Abbaye bénédictine jusqu'en 1537, Conques fut alors confiée à des chanoines séculiers ; l'édifice subit des dégâts lors des guerres de Religion, notamment un incendie en 1568, puis des dommages pendant la Révolution et le pillage ou la récupération des matériaux, le cloître ayant servi de carrière. Au XIXe siècle, Prosper Mérimée fit inscrire l'abbatiale sur la liste des monuments historiques en 1840 et lança des travaux de sauvegarde ; l'architecte Étienne-Joseph Boissonnade entreprit des réparations de 1836 à 1849, après que le cloître eut été en grande partie démoli vers 1830. En 1873, l'évêque de Rodez rétablit le culte de sainte Foy et confia l'abbaye aux Prémontrés, communauté qui y demeure et qui fait aujourd'hui du lieu un prieuré dépendant de l'abbaye Saint‑Martin‑de‑Mondaye. Entre 1987 et 1994, l'artiste Pierre Soulages, en collaboration avec le verrier Jean‑Dominique Fleury, a conçu cent quatorze vitraux contemporains qui remplacent les verrières antérieures et modifient l'éclairage intérieur. L'abbatiale de Conques est classée au titre des monuments historiques depuis 1840 et inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO en 1998 au titre des chemins de Saint-Jacques‑de‑Compostelle en France.