Ancienne chapelle des Bénédictins anglais ou chapelle du Lycée Jean-Baptiste Corot à Douai dans le Nord

Ancienne chapelle des Bénédictins anglais ou chapelle du Lycée Jean-Baptiste Corot

  • 59500 Douai
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Période

2e quart XIXe siècle

Patrimoine classé

Chapelle des Bénédictins anglais (ancienne) ou chapelle du Lycée Corot, y compris le réfectoire sous la chapelle : inscription par arrêté du 29 octobre 1975

Origine et histoire

La première chapelle fut construite entre 1610 et 1611 et dédiée à saint Grégoire ; elle s’alignait le long de l’actuelle rue Saint‑Benoît selon une orientation ouest‑sud. Sa façade, inspirée du style de l’église des Jésuites d’Arras, présentait une travée centrale large surmontée d’une rosace et flanquée de deux bas‑côtés, ainsi qu’un fronton à volutes ; au‑dessus du portail se trouvaient les armes de la famille de Caverel et celles de l’abbaye Saint‑Vaast. Des dessins de Robaut et un projet de restauration daté de 1820 montrent un bâtiment rectangulaire en brique, un chevet à cinq pans soutenu par des contreforts uniquement pour le chevet, des fenêtres hautes en arc brisé, une toiture à longs pans avec coyaux pour les bas‑côtés et une croupe pentagonale au chevet. L’intérieur, tel qu’il est figuré par Robaut, comportait une nef voûtée en ogives encadrée de deux bas‑côtés étroits voûtés en croisées d’ogives ; les arcs doubleaux formaient des éventails appuyés sur des colonnes ioniques qui séparaient la nef des bas‑côtés, et la nef s’achevait par une abside semi‑circulaire percée de cinq baies. Un dessin réalisé au moment de la destruction vers 1831 précise le remplage des baies : les baies des bas‑côtés comportaient un triplet de lancettes couronné de réseaux quadrilobés, tandis que celles du chevet, plus étroites, étaient composées de deux lancettes géminées. La chapelle fut utilisée jusqu’en 1793, date du départ de la première communauté bénédictine ; elle échappa aux destructions révolutionnaires mais fut négligée et se dégrada rapidement, devenant propriété communale en 1811. Après des discussions sur sa restauration ou sa démolition, le conseil municipal vota la démolition en 1831, décision autorisée par décret royal en janvier 1832.

La communauté bénédictine de Saint‑Edmund, arrivée de Paris en 1816, entreprit l’édification d’une nouvelle chapelle et confia en 1840 le projet à l’architecte anglais Augustus Pugin. Son premier projet, un édifice de dix‑huit mètres sans divisions intérieures, fut rejeté car la communauté souhaitait un aménagement en deux niveaux avec un réfectoire au rez‑de‑chaussée ; Pugin proposa alors d’autres plans et élévations, dont des feuilles conservées à Douay Abbey pour lesquelles il reçut une somme en octobre 1840. Les plans présentent trois niveaux, le rez‑de‑chaussée avec les piliers de la tribune d’orgue, la disposition des stalles le long des murs, l’autel principal sur une estrade et des esquisses pour les planchers ; d’autres dessins montrent la disposition des baies, l’emplacement des tirants de stabilité, une coupe avec les retombées de voûtes et un chevet à croupe pentagonale, ainsi que plusieurs types de baies pour le rez‑de‑chaussée. Il est possible que certains apports graphiques viennent de l’architecte d’exécution plutôt que de Pugin lui‑même, et aucune de ces propositions n’a été appliquée intégralement, comme en témoigne l’absence de certaines ouvertures et voussures projetées. Pugin ne semble pas avoir assuré le suivi du chantier ; son journal ne mentionne qu’un séjour de deux jours en Flandres en juin 1840 et l’architecte d’exécution demeure inconnu.

La première pierre fut posée à la fin de 1840 ou au début de 1841 après l’arrivée des premiers financements anglais et les travaux, financés depuis l’Angleterre, se terminèrent en novembre 1843 ; certains matériaux de la chapelle détruite furent réemployés et le chantier coûta 3 810 livres. Des dessins de vitraux conservés dans les archives de la société Hardman & Co. — qui réalisa les verrières et la majeure partie des peintures du lambris de couvrement — pourraient être de la main de Pugin, mais l’absence de signature empêche de l’affirmer ; ces dessins montrent, dans des lancettes géminées, la superposition de deux petites scènes historiées et d’un personnage en pied sous un gâble gothique, et les photographies anciennes suggèrent que les vitraux furent exécutés conformément à ces dessins. D’après les livres de commandes de Pugin conservés à Woolhampton, les travaux de décoration, vitraux et peintures, furent achevés en 1851 et réalisés en trois mois. Le décor peint du réfectoire, composé de motifs au pochoir et de dorure, fut exécuté par les frères Binnell, deux moines bénédictins venus d’Angleterre qui participèrent aussi à la peinture du lambris, tandis que la statuaire fut réalisée par le sculpteur belge Jan van Arendonck.

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