Origine et histoire de la Chapelle Saint-Aignan
La chapelle Saint-Aignan, située dans la partie est de l'île de la Cité, se trouve dans le 4e arrondissement de Paris et était autrefois implantée dans le quartier canonial. Elle a été fondée vers 1110-1120 par Étienne de Garlande, évêque d'Orléans et chancelier du roi Louis VI le Gros, qui donna pour cela une maison dans le cloître Notre-Dame et trois clos de vignes sur la montagne Sainte-Geneviève et à Vitry. Dediée à Aignan d'Orléans, la chapelle mesurait environ 10 mètres sur 5,20 mètres, comportait deux travées et une abside semi-circulaire. Appuyée à l'extérieur de l'enceinte gallo-romaine, elle est considérée comme le premier édifice extra-muros de l'île de la Cité. Héloïse, qui était logée chez son oncle le chanoine Fulbert dans le cloître Notre-Dame, vint prier dans la chapelle et y convia probablement Abélard; Bernard de Clairvaux y méditait également. La chapelle était utilisée une fois par an, le jour de la Saint-Aignan. Supprimée en 1790, elle fut vendue comme bien national en 1791; l'édifice fut ensuite partagé par un mur et une partie servit d'écurie. Les restes de la nef, au 19 rue des Ursins, sont classés au titre des monuments historiques par arrêté du 29 juin 1966, et les vestiges du chœur, au 24 rue Chanoinesse, le sont par arrêté du 29 septembre 1995. Après rejointoiement des murs et percement de fenêtres, la portion ayant servi d'écurie a retrouvé une fonction culturelle en 1992, le couvrement primitif ayant été conservé. Huit chapiteaux et huit éléments du montant gauche du portail sud sont conservés, constituant probablement le plus ancien portail sculpté subsistant à Paris. Sur les vingt-trois sanctuaires élevés dans l'île de la Cité, la chapelle Saint-Aignan est la seule église subsistant en élévation, hormis Notre-Dame et la Sainte-Chapelle, et constitue un rare témoin de l'architecture romane à Paris. Les vestiges ne se visitent généralement que lors des Journées du patrimoine.