Origine et histoire
L’ancienne chartreuse Notre-Dame-du-Lys-du-Saint-Esprit, aussi désignée Domus Liliorum Sancti Spiritus ou Domus Lugduni, est un ancien monastère de l’ordre des Chartreux situé dans le 1er arrondissement de Lyon, aux abords de l’église Saint-Bruno, et classé depuis 1911. Les bâtiments actuels servent d’établissement d’enseignement secondaire privé. La fondation de la maison de Lyon résulte d’une décision du chapitre général de l’ordre prise à Chambéry en 1580; le site choisi, nommé La Giroflée, comprenait maison, cour, jardin, vignes et terres et fut acquis par les chartreux au milieu des années 1580. Henri III se déclara fondateur en accordant les patentes, et la maison prit le nom de Saint-Esprit. La construction de l’église, commencée sous la direction de l’architecte Jean Magnan en 1590, progresse lentement et subit une longue interruption, si bien que la communauté est temporairement réduite au début du XVIIe siècle. Le grand cloître est entamé en 1604 et une partie de l’église est seulement consacrée en 1615 par le cardinal Denis-Simon de Marquemont. Grâce à des secours financiers accordés en 1616, le général de l’ordre envoie dix-neuf religieux à Lyon, dont Dom Polycarpe de la Rivière, et la chartreuse reprend une activité régulière ; le petit cloître est commencé vers 1620 et les vingt-cinq cellules sont aménagées entre 1614 et 1685. Face à des ressources insuffisantes, la maison sollicite et obtient l’union avec le prieuré de Roziers après des démarches ecclésiastiques et royales menées entre 1628 et 1631, et reçoit plus tard, en 1639, les revenus de la maison de Poleteins. Au XVIIIe siècle, Ferdinand-Sigismond Delamonce fournit des plans pour achever l’église Notre-Dame-des-Anges; les bâtiments sont en grande partie achevés en 1748, la façade de l’église n’étant parachevée qu’en 1870. Sur le plan architectural et décoratif, le petit cloître des années 1630 est intégralement conservé; la maison des hôtes date de la fin du XVIIe ou du début du XVIIIe siècle, la chapelle des hôtes conserve son décor de stuc du milieu du XVIIIe siècle, le grand réfectoire et la salle capitulaire conservent des boiseries et des lambris du XVIIe siècle, et une petite maison du XVIIe siècle a vu ses intérieurs transformés. La chapelle des Chartreux telle qu’on la connaît aujourd’hui a été construite dans le troisième quart du XIXe siècle, entre 1860 et 1864, par Tony Desjardins. La Révolution entraîne l’abolition des vœux et la suppression des congrégations en 1790; la communauté, composée alors d’un certain nombre de religieux, est contrainte de partir l’année suivante et les biens sont déclarés nationaux, le clos des Chartreux étant vendu en onze lots en 1791. L’église devient paroissiale au moment du Concordat de 1801. Sous le Premier Empire, la plupart des lots sont revendus et, par une série d’acquisitions entre 1808 et 1813, le cardinal Joseph Fesch reprend les bâtiments conventuels, qu’il achète en 1810 pour y établir sa résidence puis pour y installer la Société des missionnaires diocésains, devenue la Société des Chartreux de Lyon, qui existe encore aujourd’hui. La chartreuse possédait, outre son ensemble conventuel, des biens fonciers en ville — notamment deux maisons sur le quai de la Saône et une dans la rue Mercière — ainsi que des terres et prieurés en dehors de Lyon, comme Poleteins en Bresse, Loyse près de Mâcon et le prieuré de Roziers dans le Forez.
