Patrimoine classé
Façades et toitures de la porterie, de l'ancienne pharmacie et de la chapelle des Dames (cad. E 64) ; assiette du jardin fortifié, avec l'ensemble des vestiges enfouis et en élévation, comprenant notamment : les murs d'enceinte, les fossés et les bornes, les vestiges des tours, les murs ruinés des bâtiments conventuels, ainsi que les éléments du système hydraulique (cad. E 64 à 66, lieudit Le Valdieu, 67, lieudit Grande Cour, 68, lieudit Les Fontaines, 69, lieudit Les Fosses, 70, lieudit Grande Pièce du Valdieu, 102, lieudit Etangs du Bas de la Ligne) : inscription par arrêté du 18 décembre 1997
Personnages clés
|
|
|
| Comte du Perche |
Fondateur de la chartreuse en 1170. |
| Dom Aimé des Champs |
Prieur ayant initié la reconstruction du monastère au XVIIIe siècle. |
| R. P. Miserey |
Architecte de la congrégation de Saint-Maur ayant participé à la reconstruction. |
| Charles-Marie Saisson |
Responsable de la tentative de rétablissement de l'ordre au XIXe siècle. |
Origine et histoire
La chartreuse Notre‑Dame du Val‑Dieu se situe sur la commune de Feings, dans l'Orne, en Normandie. Elle a été fondée en 1170 par le comte du Perche et sa première église fut consacrée en 1181. Le domaine s'est accru au XIIIe siècle, puis a subi de nombreuses destructions pendant la guerre de Cent Ans et les guerres de religion. Un tableau de 1688 attribué à « de Cany » restitue l'organisation du monastère avant la réédification du XVIIIe siècle. Le site était organisé selon un plan axial rigoureux alternant parterres à la française et charmilles, jardin potager et verger, avec un hortus conclusus en avant du grand cloître. Le grand cloître, bordé d'ermitages comprenant chacun une cellule ouvrant sur un jardin, reflète le mode de vie semi‑érémitique des chartreux ; l'église se trouvait à la jonction du grand cloître et du cloître mineur, à proximité du chapitre, du réfectoire et de la bibliothèque. L'édifice a connu plusieurs campagnes de reconstruction et d'aménagement, dont des travaux aux XIVe et XVIe siècles, une intervention attribuée à Pierre Le Muet et une réorganisation importante au XVIIIe siècle. Dès le milieu du XVIIIe siècle, le mur d'enceinte et le cloître majeur furent rebâtis et le prieur dom Aimé des Champs fit appel au R. P. Miserey, architecte de la congrégation de Saint‑Maur, pour envisager la reconstruction du monastère. Les nouveaux bâtiments conventuels, qui précédaient l'église conservée, encadraient un jardin à la française ; la porterie, par laquelle débuta la reconstruction en 1760, fermait le jardin au nord et la basse‑cour fut déplacée à l'emplacement de l'ancien jardin. Pendant la Révolution, la chartreuse fut vendue comme bien national, la plupart des bâtiments furent démontés et le mobilier religieux dispersé dans les paroisses voisines tandis que les boiseries et ouvrages de la bibliothèque furent transférés à Alençon. Seules subsistèrent, construites en 1760, la porterie, la chapelle des femmes dite chapelle des Dames ou de Sainte‑Anne et la pharmacie, cette dernière correspondant à l'ancienne chapelle Saint‑Vincent réservée aux convers et aux domestiques. Le cadastre de 1830 mentionne uniquement la porterie et la chapelle des femmes ; la pharmacie fut réhabilitée vers 1900 et reconstruite au XIXe siècle quasiment symétriquement à la chapelle des femmes lors de la tentative de rétablissement de l'ordre menée par Charles‑Marie Saisson. La transformation de la porterie en logement dans la seconde moitié du XIXe siècle entraîna la modification et l'obturation de certaines portes ; le ponceau maçonné franchissant le fossé et une double rangée d'arbres témoignent des aménagements de jardins du XVIIIe siècle. La forêt de Réno‑Valdieu a fait l'objet d'une protection au titre des sites et, plus tard, d'un classement, et l'inscription au titre des monuments historiques a concerné les façades et toitures de la porterie, l'ancienne infirmerie des domestiques, la chapelle des femmes, l'assiette du jardin fortifié ainsi que les vestiges maçonnés et le système hydraulique progressivement réhabilité. La chartreuse est aujourd'hui une propriété privée et n'est ouverte au public que lors des journées européennes du patrimoine.