Origine et histoire de l'ancienne chocolaterie
La chocolaterie Poulain, ancienne usine dite de la Villette ou de Poulainville à Blois, est un ensemble industriel construit au XIXe siècle pour la maison Poulain, l’un des plus anciens fabricants de chocolat français. Elle a été édifiée pour Auguste Poulain entre 1862 et 1872 ; l’atelier de fabrication réalisé en 1919-1920 illustre une application précoce du béton armé, notamment par ses colonnes à évasement, et l’ensemble est aujourd’hui considéré comme un symbole de la ville de Blois. En 1848 Auguste Poulain ouvre sa première chocolaterie à Blois et installe sa marque dans l’ancienne maison du prestidigitateur Jean‑Eugène Robert‑Houdin, au 4 rue Porte‑Chartraine ; en 1851 il achète sa première machine à broyer le chocolat. Entre 1862 et 1872 il fait construire la première grande usine sur le site de la Villette ; en 1867 un nouveau bâtiment est consacré à la fabrication et à l’habitation familiale, et en 1872 il élève, au centre du domaine, le château de la Villette qui devient le foyer familial. En 1879 la croissance de la demande conduit à l’ajout d’un nouveau bâtiment sur le site. Sous la direction de son fils Albert Poulain, une nouvelle usine nommée Beauséjour est édifiée en 1884 sur le même domaine ; après un incendie qui la ravage la nuit du 7 au 8 juillet 1918, elle est reconstruite la même année à la demande d’Albert Poulain. La production est transférée en 1991 au nord de Blois, à Villebarou, et l’usine Beauséjour est démolie en 1995. Les locaux, réaménagés lors de la fondation de l’école d’ingénieurs du Val de Loire en 1993, sont aujourd’hui occupés par l’INSA Centre‑Val de Loire, et une partie des bâtiments a été inscrite au titre des monuments historiques en 1997.
L’usine a été conçue comme un ensemble cohérent : chaque bâtiment possède ses caractéristiques tout en participant à une composition organisée autour du château de la Villette, qui occupe une position dominante au centre du site. Le château, par sa position et son architecture, surveille les autres constructions ; celles‑ci le flanquent et, face à lui, une grande allée accentue l’effet de demeure avec ses ailes ; l’ensemble est clos par un mur bas et une grille en ferronnerie. Parmi les composants du site figurent les premiers ateliers (1862‑1866 et 1867‑1877), le château de la Villette (1872‑1912), l’usine Beauséjour (1884‑1919), la demeure d’Albert Poulain (1895), des magasins de la fin du XIXe siècle, des ateliers sud (1913‑1918), des ateliers nord (1919‑1920) et des écuries et magasins du début du XXe siècle ; certains de ces bâtiments subsistent tandis que d’autres ont été détruits. L’usine Beauséjour, bâtiment de deux étages destiné au cartonnage, à l’imprimerie, au broyage et au malaxage, a été construite en béton armé et met en œuvre le système Hennebique, qui assemble des dalles de béton coulées dans un coffrage de bois reposant sur linteaux et poutres métalliques pour mieux répartir les contraintes ; ce procédé a aussi favorisé la rapide propagation de l’incendie de 1918. Le dernier atelier, situé rue Gambetta, est lui aussi réalisé en béton : le matériau y est apparent principalement à l’intérieur et l’édifice se distingue par ses colonnes à évasement.
