Patrimoine classé

Les bâtiments d'origine subsistants : les façades et toitures des deux pavillons administratifs situés de chaque côté de l'allée d'accès (cad. B 138, 139) ; les façades et toitures et les escaliers d'origine des six pavillons des colons subsistants, à l'exception des parties modernes (cad. B 152) ; l'église et les parties subsistantes de l'ancienne maison paternelle (cad. B 152) ; les quatre bâtiments à usage d'ateliers entourant l'église et les vestiges de l'ancienne maison paternelle (cad. B 152) ; l'atelier situé au sud, à l'arrière des pavillons des colons (cad. B 152) ; le bâtiment de ferme situé à l'extrémité est des bâtiments de la colonie (cad. B 152) ; le bâtiment servant à l'origine de buanderie, situé de l'autre côté de la rue du Petit-Bois (cad. A 650) ; ainsi que les parcelles B 134, 138, 139, 151 à 153 (cf. plan annexé à l'arrêté) : inscription par arrêté du 11 septembre 2003

Origine et histoire

Conçu par Frédéric‑Auguste Demetz après des voyages d'études en États‑Unis, en Angleterre et en Allemagne, le projet de colonie agricole et pénitentiaire de Mettray a été mis en plans par l'architecte Abel Blouet, qui a dirigé les travaux entre 1839 et 1844. Installée sur une propriété donnée par le vicomte de Bretignières de Courteilles, la colonie devait réhabiliter les jeunes délinquants par le travail de la terre. L'ensemble comprenait deux bâtiments administratifs, dix pavillons organisés autour d'une cour centrale donnant accès à une chapelle, une « maison paternelle » destinée aux enfants de familles aisées soumis à correction, ainsi qu'un corps de ferme et des ateliers à l'arrière. La Société Paternelle, créée pour diriger l'établissement, associait des personnalités comme Alexis de Tocqueville, Lamartine et le comte de Gasparin, Demetz assurant la direction effective de la colonie. Destinée aux mineurs acquittés faute de discernement, aux condamnés à de courtes peines d'enfermement, aux enfants placés par l'Assistance publique et, plus tard, par les tribunaux, la colonie s'appuyait sur un modèle inspiré du système correctionnel d'Auburn : silence, travail collectif et encadrement strict. Une école de contremaîtres formait dès 1839 une promotion de moniteurs chargés de l'enseignement professionnel et du quotidien des colons ; les contremaîtres, présents 24 heures sur 24 au début, encadraient les « familles » de 24 enfants réunies par âge et conduite. La vie collective était rythmée par la prière, le travail effectué en silence et des horaires stricts ; les jeunes dormaient en dortoirs et suivaient un régime alimentaire simple. L'instruction scolaire restait limitée et l'apprentissage visait prioritairement la formation professionnelle ; le travail rémunéré permettait aux pensionnaires de couvrir certaines dépenses par un livret tenu par la colonie. Le règlement proscrivait les coups et l'usage du travail comme châtiment, mais prévoyait des sanctions disciplinaires, amendes et isolement cellulaire, et la pratique montrait des conditions dures : contrôles permanents, têtes rasées périodiquement, uniformes et, selon les sources, des décès et accidents fréquents. Sous la direction de Demetz, l'idéal philanthropique domina les premières décennies ; après sa mort, la discipline prit un tour plus militaire et les surveillants remplacèrent progressivement les contremaîtres, tandis que l'enseignement se détourna de l'agriculture vers l'industrie. Confrontée à des difficultés financières et à des campagnes de presse dénonçant des pratiques répressives, l'institution déclina et fut fermée dans les années 1930. Sur place, l'association La Paternelle a ensuite installé, dans les décennies suivantes, un institut médico‑professionnel puis un dispositif ITEP mixte destiné à des jeunes en difficulté. Le site, qui a accueilli plus de 17 000 enfants au cours de son existence, a été inscrit aux monuments historiques le 11 septembre 2003. Mettray a marqué les débats sur la prévention et la rééducation des mineurs : figures politiques et intellectuelles y furent associées, l'expérience y fit l'objet de récits littéraires comme ceux de Jean Genet, et d'analyses critiques, notamment de Michel Foucault, qui a souligné le rôle de la colonie dans l'élaboration de techniques coercitives du comportement.

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