Origine et histoire
Ancienne commanderie des Hospitaliers de Saint‑Jean de Jérusalem à Lavaufranche (Creuse), classée monument historique en 1963. Elle se situe à l'extrémité nord‑est du département, à quelques centaines de mètres du centre‑bourg de Lavaufranche, à environ 30 km de Montluçon et 50 km de Guéret, et relevait jusqu'à la Révolution du Berry et du diocèse de Limoges. La fondation remonte aux environs de 1180 avec l'érection d'un haut donjon carré et d'une chapelle rectangulaire à nef unique et chevet plat. L'élément principal est un corps de bâtiment rectangulaire flanqué de tours d'angles pleines servant de contreforts, d'une tour ronde creuse percée d'ouvertures et d'une tour carrée abritant un escalier à vis ; à chaque étage deux grandes salles ouvrent sur la cage d'escalier. À l'angle sud‑est du logis se trouve une haute tour rectangulaire, donjon de la fin du XIIe siècle, contenant à chaque étage une pièce avec cheminée. Ce donjon est relié à la chapelle par une aile en équerre qui devait servir de logement au commandeur et au chapelain, l'ensemble étant desservi par un seul escalier. La circulation se faisait primitivement par des galeries extérieures en bois, remplacées au XVIIe siècle par des couloirs aménagés entre la façade ancienne et un mur construit en avant. La chapelle, qui a servi d'église paroissiale, renferme un ensemble peint daté de la fin du XIIIe ou du début du XIVe siècle, rare dans la région. Au début du XVe siècle, le commandeur Jean Grivel fit entreprendre d'importants travaux de confort, notamment la construction d'un logis entre le donjon et la chapelle et d'un autre logis à l'ouest du donjon desservi en façade sud par une haute tour d'escalier carrée ; la chapelle fut également fortifiée, comme l'attestent des corbeaux sur la face orientale du chevet. La moitié occidentale de l'édifice s'effondra avant 1616 et les voûtes orientales s'effondrèrent vers 1740. En 1793 le domaine devint une exploitation agricole ; en 1818 le mobilier liturgique fut transféré à Soumans et la chapelle fut vraisemblablement transformée en grange, aménagée sur deux niveaux par la pose de poutres transversales et d'un plancher. La décoration peinte fut redécouverte à la fin des années 1950 et dégagée dans les années 1970 ; la suppression du plancher et l'abattage des poutres ont fragilisé la structure, nécessitant la pose de tirefonds transversaux et de poutrelles IPN pour assurer la cohésion du bâtiment. Parmi les commandeurs connus figurent Étienne de Brosse (prieur d'Auvergne, 1278‑1281), Jean Grivel (début du XVe siècle, également commandeur de Chamberaud en 1389 et sénéchal du prieuré d'Auvergne en 1419) et divers titulaires des XVe au XVIIIe siècle, notamment Jacques de Clavière, Guy de Blanchefort, Louis de Lastic, Michel de Saint‑Julien de Saint‑Marc et Louis de La Roche‑Aymon, la liste se prolongeant jusqu'à Joseph‑Pie‑Sabriel de Menou de La Ville en 1787. La commanderie fait l'objet d'études et de notices, notamment celles de Françoise Mousson (Revue d'Auvergne, 1988), G. Janicaud (Mémoires de la société des sciences naturelles et archéologiques de la Creuse, 1938) et Philippe Plagnieux (Congrès archéologique de France, 2024), et figure dans les ressources en ligne telles que la base Mérimée et le portail POP, ainsi que dans des articles et dossiers consacrés au patrimoine local.