Origine et histoire
La commanderie templière de Beaugy (orthographiée parfois Baugy) est une fondation du XIIe siècle située à Planquery, dans le Calvados. Elle a été fondée en 1148 par Roger III Bacon, seigneur de Molay Bacon, sa mère Mathilde, Geoffroy de Malherbe, Jean de Magneville, Henri de Vaubadon et Guillaume de Louvel. Située à environ 16 km au sud‑ouest de Bayeux et 20 km au nord‑est de Saint‑Lô, elle se trouve à proximité du bourg de Balleroy. Il subsiste une partie de la chapelle ainsi que les fondations du manoir seigneurial. La chapelle Notre‑Dame‑du‑Temple, aujourd’hui partiellement endommagée, comptait à l’origine cinq travées. C’était un édifice sobre et austère du XIIIe siècle, flanqué de contreforts massifs et marqué par une simplicité élégante. À l’ouest s’ouvrait une porte du XIIIe siècle à triple voussure, dont l’archivolte reposait sur quatre colonnettes aux chapiteaux sculptés ; le tympan porte un agneau du Christ surmonté d’une croix. L’église conserve également le gisant mutilé du frère Richard d’Harcourt (XIIe siècle) : mains jointes, tête posée sur un coussin, il est revêtu d’une cotte de mailles recouverte de la longue robe blanche des Templiers sans manches. Il porte un bouclier à la pointe aiguë, daté de la fin du XIIe siècle, frappé du blason "de gueules à deux faces d’or". En 1258, une contestation pour les dîmes de Planquery opposa les Templiers de Beaugy aux religieux du Plessis‑Grimoult ; elle fut réglée par des arrangements ou des décisions apostoliques. Le 13 octobre 1307, les Templiers de Beaugy furent arrêtés par le bailli de Caen, Jean de Verretot, et amenés à Caen avec ceux de trois autres commanderies ; ils étaient alors au nombre de trois : Albin Langlois, Guillaume le Raure et Raoul de Pérouse. La commanderie fonctionnait comme une grosse ferme dont la richesse provenait des produits agricoles et du cheptel. Les inventaires de 1307 décrivent le matériel et le bétail : 180 moutons, 14 vaches à lait, 8 veaux, 3 taureaux, 3 génisses, 2 bœufs de labour, 98 porcs, une truie et huit pourceaux, 8 juments, 8 poulains, le cheval du commandeur et cinq chevaux de labour. Ils mentionnent aussi de nombreux serviteurs, notamment six laboureurs, trois servants de laiterie, un berger, un vacher et un valet au service du commandeur. La commanderie est aujourd’hui une propriété privée.