Patrimoine classé

Les façades et les toitures sur rue (y compris la porte d'entrée) et sur cour ; l'escalier monumental (cad. E 254) : inscription par arrêté du 20 février 1980

Origine et histoire

La Condition publique des Soies, située 7 rue Saint-Polycarpe au bas des pentes de la Croix-Rousse à Lyon, a été construite de 1809 à 1814 sur les plans de l’architecte Joseph-Jean Gay, sous la direction de Jean-Joseph Pilliet. Édifice officiel de volume rectangulaire élevé sur plusieurs niveaux et isolé à l’origine des immeubles voisins pour des raisons de sécurité, sa façade reprend le rythme ternaire des palais italiens. Le rez-de-chaussée présente un appareillage sobre et un chaînage d’angle harpé ; la porte d’entrée s’ouvre par un arc cintré richement sculpté de feuilles de mûrier, de vers à soie et de lions. Un bas‑relief en bronze représentant Pasteur a été fixé sur la façade en 1924. Le premier étage s’organise en une arcature de neuf baies cintrées retombant sur des piliers, tandis que le second est couronné par un attique surmonté d’un toit à auvent aux solives décorées. La cour intérieure est scandée par des arcades et un escalier monumental à trois volées et vide central dessert les étages. L’édifice a été agrandi et modernisé en 1884 par l’architecte Pascalon, réaménagé en 1895 et surélevé d’un étage en 1856. Conçu pour stabiliser l’humidité de la soie et fixer le poids marchand, l’établissement procédait à la dessiccation dans de grandes salles sous contrôle calorimétrique et hygrométrique afin d’obtenir un état stable de la matière. Les opérations comprenaient le pesage et le conditionnement, le décreusage pour éliminer le grès et les matières étrangères, des analyses chimiques pour distinguer matières solubles et insolubles, et des titrages pour déterminer la grosseur des fils. Des échantillons étaient portés dans des balances‑étuves à 140 °C pour évacuer l’humidité ; le pourcentage d’eau devait se situer entre 9 et 13 %, sinon l’ensemble des étoffes était chauffé, puis on ajoutait 11 % au poids obtenu pour calculer le poids moyen conditionné. La méthode de dessiccation a été améliorée par Léon Talabot en 1842. La première Condition lyonnaise fut d’origine privée, fondée en 1779 par Jean‑Louis Rast‑Maupas ; sa gestion fut confiée à la Chambre de commerce par le décret du 23 germinal an XIII (5 avril 1805), qui créa la Condition unique et publique et en percevait les produits. La Condition de Lyon fut la seconde en date après celle de Turin et avait pour rôle de fournir aux acteurs du commerce tous les renseignements nécessaires pour évaluer la valeur marchande des textiles de soie. Pour approfondir la connaissance du bombyx et du fil, la chambre de commerce créa en 1885 un laboratoire d’études de la soie, installé au second étage, dirigé successivement par Jules Dusuzeau puis Daniel Levrat. À la fin du XIXe siècle la Condition connut une forte activité : plus de 5 200 tonnes y furent traitées en 1894 et, jusqu’à la Première Guerre mondiale, les tonnages atteignirent des records proches de 8 000 tonnes. Au XXe siècle l’établissement subit un net déclin sous l’effet de la concurrence, de l’évolution chimique et de l’apparition de fibres artificielles ; il accueillit toutefois dans les années 1950 le Centre de Recherches de la Soierie et des Industries Textiles. Le centre de recherches quitta les lieux en 1976, laissant le bâtiment désaffecté jusqu’à sa réhabilitation en 1982 par le cabinet Mortamet‑Vidal‑Manhés, qui le transforma en médiathèque et centre social et culturel accueillant la bibliothèque municipale du 1er arrondissement et l’association Quartier Vitalité. L’édifice fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques depuis le 20 février 1980, protégeant notamment les façades et toitures sur rue, la porte d’entrée, la cour et l’escalier monumental.

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