Origine et histoire de l'ancienne église
L'ancienne église Saint-André, située à Saint-André-des-Eaux dans les Côtes-d'Armor, est un rare exemple d'architecture romane en Haute-Bretagne. Désaffectée depuis 1895 et désormais en ruine, elle fut autrefois l'église paroissiale du bourg. L'édifice remonte à la seconde moitié du XIe siècle ou au début du XIIe siècle et présente un plan simple de nef et de chœur rectangulaire qui témoigne des débuts de l'art roman dans la région. Des fouilles menées en 2007 et 2008 par Mathias Dupuis ont montré que l'église aurait été construite sur un bâtiment plus ancien abandonné vers l'an mil. L'histoire écrite du lieu reste incertaine ; on sait cependant que Saint-André-des-Eaux était une enclave de l'évêché de Dol et probablement une ancienne trève de Plouasne, et que l'église fut vendue pendant la Révolution à Jean Michel, notaire à Evran. Sa destruction en 1892 fit apparaître des peintures murales médiévales, et une partie des matériaux servit ensuite à construire les murs du cimetière. Classé aux monuments historiques le 13 septembre 1990, le site a été dégagé et consolidé en 2008.
L'architecture caractéristique comprend une nef longue et étroite (12,97 × 5,70 m) et un chœur plus petit (5,08 × 4,24 m), proportions respectant le nombre d'or, des murs gouttereaux s'élevant à près de 8 m pour la nef, et l'absence de contreforts. L'édifice est construit en moellons mêlant calcaire, granite, galets de quartz, schiste et fragments de briques, les encadrements et chaînages d'angle étant principalement en granite. La nef et le chœur sont séparés par un bel arc diaphragme en plein cintre à double voussure ; l'entrée romane, remaniée à l'époque gothique, s'ouvre au sud sous une double arcade en plein cintre surmontée d'un arc en bâtière. Le clocher, postérieur à la construction, reposait sur une structure en bois voisine de l'arc diaphragme, et un porche ajouté aux XVe ou XVIe siècles porte l'inscription commémorant sa remise en neuf en 1418. Des fenêtres hautes de type roman, largement ébrasées, éclairaient la partie haute de la nef et une ouverture semblable occupe le chevet ; des percements plus bas ont été ajoutés aux époques gothique et moderne. La sacristie, datée par Couffon de 1696, a aujourd'hui disparu.
Les peintures murales, longtemps exposées aux intempéries, ont presque entièrement disparu ; seuls quelques lambeaux subsistent. Des relevés et des photographies furent réalisés pour le musée des Monuments français par Charles Chauvet au début du XXe siècle. Les premières campagnes picturales, contemporaines de la construction, ont été peintes à la fresque ou à sec sur un mortier beige et comportaient des motifs géométriques inspirés d'éléments architecturaux autour des ouvertures. Autour et sous l'arc diaphragme côté nef subsistaient des décors associant cercles, dents de scie, losanges et feuilles de fougère. Ce décor primitif fut ensuite recouvert par une Crucifixion, aujourd'hui disparue, surmontée des symboles lunaire et solaire et figurant saint Jean, la Vierge, le centurion perçant le flanc du Christ et le porte-éponge ; cette scène, proche des crucifixions romanes du Val de Loire, a été rapprochée stylistiquement des peintures de Saint-Aignan et pourrait se situer entre la fin du XIIe siècle et le début du XIIIe siècle. Deux campagnes postérieures, aux époques moderne et au XIXe siècle, ont enfin recouvert les murs de faux appareils imitant un appareillage de maçonnerie.
