Origine et histoire
Les colonnes, leurs chapiteaux et la retombée des voûtes qu'elles soutenaient constituent le seul fragment notable de la grande église de Notre-Dame de Bourgmoyen. Ces deux colonnes jumelles étaient engagées dans le mur extérieur du collatéral nord du chœur, à l'entrée du déambulatoire, et leurs chapiteaux sont ornés de deux cavaliers affrontés. L'édifice a été réutilisé plus tard comme salle de gymnastique du collège installé dans les bâtiments de l'abbaye. L'ensemble relève de l'ancienne abbaye Notre-Dame de Bourg-Moyen, dite aussi abbaye Sainte-Marie de Bourg-Moyen ou Notre-Dame de Blois, un ancien couvent augustinien implanté à Blois. Les origines de l'abbaye sont incertaines : certaines sources la situent en 696 ou au VIIe siècle, d'autres au XIe siècle, et l'existence d'un édifice de style roman est attestée par l'évêque de Chartres en 1105. À l'origine accueillant des chanoines séculiers, le monastère passa en 1122 sous la règle des chanoines réguliers de saint Augustin, et il joua un rôle local comparable à celui de l'abbaye de Saint-Lomer. Au fil des siècles, l'abbaye connut des transformations et des fortifications : un nouvel édifice fut lié à la volonté du comte Jean Ier de Blois-Châtillon en 1273, les murailles et une enceinte autour des jardins furent renforcées au XIVe siècle, et une muraille avec deux tours crénelées protégea l'ensemble. Malgré ces aménagements, l'abbaye fut partiellement détruite par les protestants lors de la seconde guerre de Religion, puis fit l'objet de travaux de reconstruction jusqu'à la Révolution, qui entraîna sa dissolution et la vente d'une grande partie des biens comme biens nationaux. Pendant cette période, l'église fut transformée en écurie et en magasins à fourrage par un entrepreneur local, qui fit démolir l'édifice pour récupérer les pierres en 1806. En 1808 la municipalité acquit les bâtiments et y installa un collège, auquel on ajouta un gymnase ; le collège prit au XIXe siècle le nom d'Augustin Thierry. L'ensemble fut partiellement inscrit au titre des monuments historiques en 1928, puis détruit par les bombardements de 1940 ; la crypte fut inscrite en 1945 et aucun bâtiment n'occupa le site jusqu'en 1974, qui accueillit finalement le square Valin-de-la-Vaissière. Aujourd'hui, les traces visibles de l'abbaye se réduisent au nom de la rue du Bourg-Moyen et à une plaque commémorative apposée en 1964 par l'association des anciens élèves du collège et du lycée Augustin-Thierry. Sur le plan architectural, l'abbaye était organisée en deux cours : une haute cour comprenant l'église, le cimetière et les jardins, et une basse cour avec dépendances telles qu'écurie, buanderie et deux graineteries. L'église, en plan de croix latine, possédait une crypte originellement semi-enterrée, des murs d'environ un mètre cinquante d'épaisseur appuyés sur de grands contreforts, un clocher-porche monumental en façade et une voûte en berceau d'environ dix mètres de haut se terminant par une abside semi-circulaire ; elle comportait des bancs de pierre, des placards à reliques, une piscine et trois chapelles absidiales. L'intérieur était peu éclairé par de petites ouvertures en meurtrière, mais une tour-lanterne à la croisée du transept apportait de la lumière au chœur, qui présentait deux colonnettes surmontées de chapiteaux sculptés en chevaliers. Après les destructions, un logis abbatial fut reconstruit et une flèche de charpente remplaça la tour-lanterne ; des aménagements ajoutèrent un bassin circulaire dans la haute cour et permirent un accès au fleuve depuis la basse cour. Au XVIIIe siècle, la courtine fut partiellement démolie, l'une des tours devint une porte d'eau et l'installation d'un quai et d'une terrasse au bord du fleuve entraîna la disparition de la seconde tour, le quai étant ensuite aménagé avec une rampe pour un accès direct au fleuve. Parmi les dépendances et liens paroissiaux de l'abbaye figuraient les églises Saint-Lubin, Saint-Martin-aux-Choux, Saint-Solenne, Saint-Étienne de Huisseau-sur-Cosson et Notre-Dame de Selommes, ainsi que des chapelles telles que l'abbatiale Saint-Gervais, la chapelle Saint-Calais du château de Blois et la chapelle Sainte-Constance. On compte parmi ses abbés et membres notables Balthazar Phélypeaux d'Herbault, Jacques-Antoine Phélypeaux, ainsi que Jean de la Grille, formé à Bourg-Moyen avant de devenir abbé et évêque ailleurs.