Origine et histoire de l'ancienne église
L'église Saint-Gilles de Caen est une ancienne église paroissiale catholique dédiée à Gilles l'Ermite, inscrite au titre des monuments historiques depuis 1862. Partiellement détruite en 1944 pendant la bataille de Caen, elle subsiste aujourd'hui sous forme de vestiges mis en valeur dans un jardin public. Elle se trouvait sur les hauteurs de la ville, entre la venelle Campion et la rue des Chanoines, à proximité immédiate de l'abbaye aux Dames, sur un plateau dominant la vallée de l'Orne. Le site est mentionné pour la première fois dans un acte daté entre 1066 et 1082. Des fouilles menées de 1986 à 1998 ont montré une occupation depuis le haut Moyen Âge, avec des sépultures de la seconde moitié du VIIIe siècle et les vestiges d'une première église datable de la seconde moitié du Xe siècle. L'église fut ainsi fondée à l'époque où Caen se constituait dans la vallée de l'Orne et construite à l'écart du tissu urbain, sur le plateau. Dans la seconde moitié du XIe siècle, Guillaume le Conquérant et Mathilde de Flandres fondèrent l'abbaye aux Dames à proximité ; le duc affecta alors Saint-Gilles à l'accueil des sépultures des pauvres. La paroisse, intégrée au Bourg-l'Abbesse, couvrait un vaste territoire des hauteurs du Vaugueux jusqu'à La Rochelle en limite d'Hérouville, et du hameau de Couvrechef jusqu'aux prairies Saint-Gilles, mais ne comprenait qu'une faible part urbanisée et comptait peu d'habitants. Elle dépendait du doyenné de Caen dans le diocèse de Bayeux. Du XIIIe au XVIIIe siècle, le site abrita une fonderie de cloches. Au XVIIIe siècle le cimetière fut jugé trop exigu ; un terrain jouxtant le cimetière Saint-Pierre fut acheté en 1830 et le nouveau cimetière Saint-Gilles fut béni en 1831. Bien que protégé au titre des monuments historiques en 1862, le chœur reconstruit au XVe siècle fut détruit l'année suivante pour faciliter la circulation au débouché de la rue des Chanoines. En 1864, l'édifice perdit son statut d'église paroissiale au profit de l'ancienne abbatiale de la Trinité. L'édifice fut presque totalement détruit lors des bombardements aériens de 1944 ; pendant la reconstruction de la ville, les vestiges furent sécurisés et le site réaménagé en jardin public. Les dommages de guerre affectant Saint-Gilles permirent par ailleurs la construction de l'église Saint-Paul au nord de la ville. Sur le plan architectural, la partie la plus ancienne était la nef, de style roman et attribuée par Arcisse de Caumont à la seconde moitié du XIIe siècle ; ses arcades en plein cintre reposaient sur des pilastres ornés de colonnettes groupées. Le chœur, reconstruit au XVe siècle après la guerre de Cent Ans, fut détruit au milieu du XIXe siècle ; les voûtes des bas-côtés datent de la fin du XVe siècle ou du début du XVIe siècle. À l'extérieur, les contreforts surmontés de pinacles et les rampes couronnant les murs des collatéraux appartiennent à la même phase tardive. Le portail occidental est attribué au XVIe siècle et serait l'œuvre de Blaise Lepestre, qui aurait également travaillé sur l'hôtel d'Escoville ; un portail nord plus récent complétait l'édifice, qui comptait huit travées au moment de sa destruction. Aujourd'hui, subsistent des éléments tels que le portail du XVIe siècle et des vestiges du clocher, qui témoignent de l'histoire et de l'évolution architecturale de l'église.