Origine et histoire
Le prieuré du Louroux, aujourd'hui qualifié d'ancienne ferme abbatiale, se situe à l'est du bourg du Louroux en Indre‑et‑Loire et dépendait de l'abbaye de Marmoutier. Fondé au XIe siècle comme prieuré bénédictin, il faisait partie des neuf prieurés de Marmoutier dans le diocèse de Tours et constitua le siège d'une châtellenie. Le domaine, qui comprenait alors environ 200 hectares, fut transformé à la fin du XVIe siècle en ferme abbatiale sous le régime commendataire puis passa, au XVIIIe siècle, sous la dépendance de l'archevêché de Tours. Vendu comme bien national en 1791, il a connu une succession de propriétaires privés et des campagnes de restauration aux XIXe et XXe siècles, puis d’importants travaux au début des années 2000. L'ensemble se présente comme une ferme féodale fortifiée : enceinte, douves alimentées par un bras de l'Échandon et par les étangs du Louroux, restes de tours et bâtiments agricoles s'organisent autour d'une cour close. La muraille médiévale comportait huit tourelles d'angle et latérales, dont quatre subsistent, ainsi qu'un portail d'entrée défendu, une poterne et un pont‑levier côté nord‑est. À l'intérieur de l'enceinte, le logis du prieur, la grange dîmière, les communs et l'église Saint‑Sulpice structurent l'ensemble ; un bâtiment roman, peut‑être une grande salle, n'existe plus que par des vestiges. Le logis conserve des maçonneries des XIIe–XIIIe siècles mais a été largement remanié à la Renaissance : charpentes et planchers datés par dendrochronologie proviennent des années autour de 1519–1523 et des éléments de la tourelle et de la galerie remontent au XVe siècle. On y reconnaît un escalier à vis polygonal accolé, une galerie lambrissée et des lucarnes de style Renaissance face aux douves ; le sous‑sol contient des caves voûtées et des archères. L'église Saint‑Sulpice, à nef unique et clocher de plan carré, associe des éléments romans et gothiques ; son chœur a été rebâti et réaménagé à plusieurs reprises aux époques moderne et récente. Le mobilier liturgique comprend notamment un Christ en croix en bois polychrome (XVIIe siècle), un tabernacle en pierre et bois daté des premières décennies du XVIIIe siècle et un ostensoir en laiton du XIXe siècle, objets inscrits à l'inventaire. La grange dîmière, édifiée en une seule campagne au XVe siècle, présente une charpente en carène de grande portée composée de quarante‑trois fermes et un grenier continu destiné au stockage et probablement au dortoir. Au fil du temps, les bâtiments ont été adaptés à un usage agricole : remaniements de maçonnerie et planchers aux XVIe et XVIIIe siècles et constructions d'installations d'élevage aux XIXe et XXe siècles. Hors de l'enceinte, le colombier circulaire conserve son équipement intérieur avec boulins en pierre et une échelle et offre près de 1 400 niches réparties sur plusieurs travées. Plusieurs éléments ont été protégés : l'église a été inscrite en 1973, la fuye ainsi que les façades et toitures des bâtiments agricoles d'époque féodale en 1975. La commune et la communauté de communes ont engagé des acquisitions et des campagnes de sauvegarde dans les années 1990 et 2000, suivies d'interventions ponctuelles de consolidation et de restauration. Implanté sur un sous‑sol calcaire et organisé autour des étangs et des douves, le site illustre une évolution architecturale complexe du XIIe au XIXe siècle mêlant les styles roman, gothique, Renaissance et classique. Consolidé par les récentes restaurations, le prieuré du Louroux conserve son intérêt pour l'histoire monastique et seigneuriale ainsi que pour le patrimoine rural et fortifié de Touraine.