Période
XVIIIe siècle, XIXe siècle
Patrimoine classé
L'ancienne fonderie de canons en totalité, les parties aériennes du canal d'amenée d'eau et le bassin de captage situé dans la Drevenne : l'ensemble des bâtiments de l'ancienne fonderie, y compris la roue subsistante de la forerie, le réservoir, les vestiges de la réserve de charbon, les murs de soutènement, le grand escalier, l'entrée nord, les parties aériennes du canal d'amenée d'eau, la poudrière, ainsi que les parcelles sur lesquelles ils sont situés et figurant au cadastre section A sous les numéros 39, 96, 807, 822 ; le reste des parties aériennes du canal d'amenée d'eau figurant au cadastre section A sous les numéros 73, 86, 87, 194, 200, 201, 881, 897 ; le bassin de captage situé dans les eaux de la Drevenne, sur la commune de Saint-Gervais et sur la commune de Rovon, non cadastré : inscription par arrêté du 18 mars 2015
Origine et histoire
Ancienne fonderie de canons située à Saint-Gervais (Isère), l’établissement est réputé pour avoir fondu les premiers canons de fer en France en 1678. Créée à la fin du XVIIe siècle — la première pierre ayant été posée en 1679 — elle doit sa mise en place à la marquise de Virieu, dame de Saint-Gervais, sur l’initiative du ministre Jean‑Baptiste Colbert et sur les conseils de Samuel Dalliès de La Tour. Rachetée par le roi en 1731, la fonderie devint la troisième fonderie de la marine après Ruelle et Indret et resta liée aux commandes de l’État pendant une grande partie du XVIIIe siècle. L’atelier employait alors plus d’une centaine d’ouvriers répartis en ateliers spécialisés — fourneaux, moulerie, forerie, serrurerie, menuiserie, transport par terre et par eau, charbonniers, etc. Alimentée notamment par le minerai des mines d’Allevard et par le bois des forêts voisines, la fonderie connut des périodes de production soutenue mais aussi des interruptions dues à des pénuries de combustible et à des changements d’entrepreneurs. Relancée sous le Premier Empire, elle fut restaurée et reconstruite au cours du XIXe siècle et a conservé, depuis sa remise en état au milieu du XIXe siècle, une physionomie exceptionnelle témoignant de cette époque. La généralisation du canon rayé entraîna le déclin de son activité et la fermeture de l’établissement dans la seconde moitié du XIXe siècle. Partiellement inscrit au titre des monuments historiques le 13 novembre 1986, le site conserve de nombreux éléments caractéristiques. Les bâtiments principaux, inscrits dans un rectangle et bâtis en pierre de taille de Rovon, présentent deux avant‑corps très sobres et conservent quatre fours visibles. Un étang artificiel, alimenté par un long canal d’amenée, servait à actionner quatre roues hydrauliques aujourd’hui disparues ; subsiste une roue à aubes ainsi que les bâtiments de service et la conciergerie, qui ont gardé la symétrie de l’ordonnancement général. Le bâtiment principal, avec sa charpente en bois d’une portée remarquable, illustre le savoir‑faire technique de l’époque. À différentes périodes du XIXe siècle, l’usine employa jusqu’à deux cents ouvriers et produisit des quantités importantes d’acier et de canons destinés notamment au port de Toulon. Au XXe siècle, après plusieurs changements de propriétaires, les lieux ont accueilli des activités industrielles, la cartonnerie Nicolet étant installée à partir de 1919, puis l’entreprise Depagne, acquéreuse du site en 1985. Le site se trouve au bord de l’Isère, dans le quartier du Port de Saint‑Gervais, impasse de la Fonderie, à une quarantaine de kilomètres au sud‑ouest de Grenoble et à environ 110 km au sud de Lyon ; la RD 1532 et l’autoroute A49 passent à proximité.
