Origine et histoire
Ancienne gare
Les deux pavillons construits en 1838 formaient la première gare de Nîmes sur la ligne Beaucaire–La Grand’Combe, édifiée par l’ingénieur Paulin Talabot. Placés à un carrefour, ils étaient disposés parallèlement et légèrement décalés l’un par rapport à l’autre ; chacun présentait un aménagement amphi‑prostyle à quatre colonnes, un étage dont les parties saillantes à l’est et à l’ouest étaient soutenues par des colonnes aux bases et chapiteaux toscans. Sur chaque façade à colonnes s’ouvraient une porte et deux fenêtres, tandis qu’à l’étage la partie centrale était percée d’une triple fenêtre surmontée d’un arc en plein cintre, témoignant d’une volonté claire d’imiter le temple antique. Le pavillon nord a été démoli à la fin des années 1970 ; l’autre subsiste aujourd’hui rue Sully. Certains des bâtiments originels, dont la station et la halle, conservent par ailleurs des traits d’architecture inspirés des modes britanniques alors en vogue.
La Compagnie des Mines de la Grand’Combe et des chemins de fer du Gard construisit et exploita cette ligne pour relier les mines cévenoles au port de Beaucaire, afin de remédier aux difficultés de transport qui augmentaient fortement le coût du charbon. Face à l’insuffisance des voies de roulage, au prix élevé du charroi et aux enjeux commerciaux, une solution ferroviaire portée par Paulin Talabot et Charles Didion fut privilégiée à l’issue d’études comparatives avec le projet d’un canal. Le tracé retenu reliait Alès à Nîmes en suivant la vallée du Gardon, puis gagnait Beaucaire en longeant la plaine du Vistre et le plateau de Campuget ; Beaucaire fut préféré à Aigues‑Mortes pour sa distance plus courte, le moindre nombre d’ouvrages d’art à réaliser et sa position comme port sur le Rhône et point commercial important.
La concession et la construction résultèrent d’un long processus de négociations entre entrepreneurs, industriels et pouvoirs publics, au terme duquel la société se constitua et fit appel à des capitaux publics et privés, y compris des appuis marseillais et des avances bancaires. Pour la réalisation de la voie, la compagnie s’inspira du modèle britannique : la pose de la voie utilisa des traverses en bois et du ballast, les rails provenaient des Fonderies et Forges d’Alais, et des ouvriers anglais participèrent aux travaux ; George Stephenson vint observer le chantier. Après la pose des voies et l’achèvement des ouvrages, la section Nîmes–Beaucaire fut réceptionnée à l’été 1839, suivie de l’ouverture de la section jusqu’à La Grand’Combe en 1840, marquées par des convois inauguraux conduits par Talabot et Didion.
La ligne, qui fut successivement décrite selon les périmètres pris en compte, comprenait plusieurs sections destinées au transport de voyageurs et de marchandises : Nîmes–Beaucaire, Alès–Nîmes et Alès–La Grand’Combe, cette dernière principalement consacrée à la desserte des houillères et équipée d’embranchements et de plans inclinés pour alimenter les puits. Les gares d’Alès, Nîmes et Beaucaire étaient construites en cul‑de‑sac ; les bâtiments et équipements reprenaient des techniques importées pour le matériel moteur et la signalisation, tandis que l’exploitation associait trains de voyageurs et convois de marchandises conduits par locomotives anglaises et d’usines britanniques.
L’exploitation connut une montée en charge après des débuts difficiles liés à l’inexpérience et aux aléas naturels, mais la compagnie dut affronter des contraintes financières importantes, des coûts de construction plus élevés que prévu et des besoins constants d’amélioration des infrastructures, notamment l’établissement de sections à double voie. Ces difficultés, amplifiées par des épisodes de crise économique et sanitaire et par la concurrence des combustibles étrangers, conduisirent à une évolution de la politique ferroviaire et à l’intégration progressive de la ligne dans des ensembles plus vastes au milieu du XIXe siècle. Pour Nîmes, l’empreinte de cette première gare perdure : l’un des pavillons originels, quelques bâtiments caractéristiques et un buste de Paulin Talabot dans la gare rappellent la naissance du chemin de fer du Gard et son rôle dans le développement industriel régional.