Origine et histoire
L'ancienne gare SNCF de la Grande Ceinture, située sur la commune de Bobigny (Seine‑Saint‑Denis), a été construite en 1929 par l'entrepreneur Morosini dans le cadre de la ligne supplémentaire Bobigny–Sucy–Bonneuil, dernière étape du circuit de la Grande Ceinture amorcé en 1875. Elle a ouvert au service des voyageurs en 1932, mais la fréquentation très faible a entraîné la fermeture à ce trafic dès 1939 ; le site est toutefois resté ouvert au fret. Pendant la Seconde Guerre mondiale, de 1943 à 1944, la gare a servi de principal point de départ des convois de déportation de Juifs de France, en particulier depuis le camp de Drancy vers les centres d'extermination nazis. Vingt‑et‑un convois sont partis de Bobigny entre le 18 juillet 1943 et le 17 août 1944, après que l'organisation des départs y a été décidée parce que le site était considéré comme plus discret et plus pratique d'un point de vue logistique. Entre la gare du Bourget–Drancy et Bobigny, respectivement 40 450 et 22 453 déportés sont partis, selon les chiffres disponibles. Après‑guerre, la gare a retrouvé un usage industriel puis le bâtiment voyageurs, désaffecté, a été laissé à l'abandon avant une réhabilitation en 1979 qui a permis un bref retour au service marchandises. La ville a acquis le bâtiment en 2005 pour un euro symbolique et l'ensemble du site (3,5 hectares) a été inscrit sur la liste supplémentaire des monuments historiques la même année ; cette inscription a été modifiée en 2009. La protection couvre l'emprise au sol, le bâtiment voyageurs, deux édicules, le pylône d'éclairage et de radio sol‑train, le faisceau de voies entre la gare et la halle à marchandises, le poste d'aiguillage dit « point Z » et la halle de marchandises des années trente. Du fait de sa date de construction, la gare bénéficie du label « Patrimoine du XXe siècle ». Des travaux de restauration ont été menés en 2008 avec le concours de la commune, du département, de la région et de la Fondation du patrimoine, et la zone anciennement dédiée au fret a été mise à disposition de la commune dans le cadre d'un protocole signé avec la SNCF en 2011. Le site a été progressivement valorisé par la municipalité, qui a organisé des expositions et des visites guidées ; des panneaux pédagogiques ont été installés et il est ouvert au public. En 2012, une exposition intitulée « Bobigny, une gare entre Drancy et Auschwitz » a été inaugurée pour expliquer, par documents, archives et témoignages, le rôle du site dans la déportation entre 1943 et 1944. En janvier 2023, une scénographie dépouillée conçue par Thomas Fontaine a été mise en place, comprenant 75 stèles symbolisant les 75 000 déportés de France, et une citation de Paul Éluard est inscrite sur le muret bordant les voies. L'inauguration officielle a eu lieu le 18 juillet 2023 en présence de personnalités et de rescapés ayant embarqué depuis Bobigny. Sur le plan ferroviaire, la gare est située au point kilométrique 57,707 de la ligne de la Grande Ceinture et marque l'origine (PK 0,000) de la ligne de Bobigny à Sucy–Bonneuil ; elle est établie à 45 m d'altitude à l'ouest du centre‑ville, près de l'ancien embranchement du fort d'Aubervilliers. Elle a succédé à une simple halte aménagée lors de l'ouverture au trafic voyageurs de la Grande Ceinture en 1882, la construction de la nouvelle gare en 1929 ayant remplacé cette halte lors de l'aménagement de la Ligne complémentaire. Aujourd'hui, le site conserve l'architecture et les installations ferroviaires des années trente, qui témoignent de son histoire industrielle et de son rôle dans la mémoire de la Shoah. La gare est également identifiée dans les services de fret sous le nom de Bobigny‑G.C. Enfin, un projet de nouvelle gare, Drancy–Bobigny, prévue quelques centaines de mètres plus au nord dans le cadre de la seconde phase du T11 afin d'assurer une correspondance avec la ligne 1 du tramway, est envisagé mais pas encore financé.
