Origine et histoire
Édifiée au milieu du XIXe siècle par les architectes départementaux Mangeon et Trélat, l'ancienne maison d'arrêt de Fontainebleau suit les prescriptions de la circulaire ministérielle de 1841 et le modèle dit cellulaire d'emprisonnement individuel. Le bâtiment s'inscrit dans un style pénitentiaire du XIXe siècle, proche du modèle pennsylvanien et du plan en nef issu des prisons de couvents ; des établissements comme ceux de Meaux, Coulommiers et Rouen relèvent du même courant architectural. Il fonctionne comme maison d'arrêt à partir de 1855 et comprend un bâtiment principal avec entrée, 45 cellules de neuf mètres carrés réparties sur deux étages (peut-être 36 avant réaménagement), une chapelle orientée vers la détention et une rotonde-observatoire pour la surveillance selon un principe panoptique. Les murs entourant l'ensemble atteignent cinq mètres de hauteur, permettant au surveillant situé au centre du dispositif de voir tous les détenus sans être vu. Dès les années 1880, sa petite capacité et son état de délabrement sont pointés, sans que le conseil général n'engage les travaux d'entretien ou d'agrandissement nécessaires. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les autorités allemandes utilisent la prison pour détenir des personnes accusées d'« actes terroristes » ; les 21 juillet et 17 août 1944 entraînent respectivement la disparition de 22 puis 17 détenus, et le 7 décembre 1944 des soldats américains retrouvent les dépouilles des 39 prisonniers en creusant aux environs d'Arbonne-la-Forêt. La maison d'arrêt ferme en janvier 1990, ses éléments carcéraux sont ensuite retirés et le site est classé monument historique en 1996.
L'idée d'un musée pénitentiaire remonte à l'Exposition universelle de 1889 ; des collectes d'objets ont été menées en 1967, 1975, 1981 et 1982 dans les prisons de France et d'outre-mer. Désigné pour accueillir ces collections, le site de Fontainebleau reçoit les objets en décembre 1992 et le Musée national des prisons est créé par arrêté du garde des Sceaux le 17 septembre 1995 ; il ouvre au public entre 1995 et 2010. Le musée vise à retracer l'histoire de l'administration pénitentiaire à partir du XVIe siècle et présente des pièces témoignant de trois siècles d'histoire pénale et pénitentiaire. À l'origine, il n'est accessible qu'aux universitaires, aux membres de l'administration et aux équipes de cinéma ; à partir de février 2003 l'office de tourisme de Fontainebleau organise des visites guidées de groupes sur rendez‑vous. Le conservateur Catherine Prade, nommée en 1991, quitte ses fonctions en 2008 sans successeur et le musée ferme définitivement le 31 décembre 2010.
Les collections, qui comprenaient plus de 10 000 documents souvent originaux couvrant principalement les XVIIe à XXe siècles ainsi que des objets saisis dans les fouilles de cellules (gadgets bricolés, draps tressés, objets avalés, etc.), sont transférées à l'École nationale d'administration pénitentiaire (Énap) à Agen. Une partie des fonds historiques a été regroupée pour constituer le centre de ressources sur l'histoire des crimes et des peines (CRHCP), intégré à la médiathèque Gabriel-Tarde en septembre 2004. Parmi les pièces figurait notamment une lithographie d'Horace Vernet intitulée Les Forçats (1840). En février 2016, les bâtiments sont vendus aux enchères à un promoteur qui souhaite les transformer en appartements ; la mairie de Fontainebleau n'a pas exercé son droit de préemption et le coût estimé des travaux de rénovation est évalué à deux millions d'euros.