Origine et histoire
L'ancienne maladrerie Saint-Lazare, située en bordure de la rue Blaise-Pascal à Tours, se trouve à environ 250 m au sud de la gare SNCF et marque la limite du quartier dit Sanitas. Le site est occupé depuis l'Antiquité : la rue suit la Chaussée des Césars qui desservait Caesarodunum et une nécropole gallo-romaine du IIe siècle a été repérée à l'emplacement de la future maladrerie. La chapelle Saint-Lazare, seul vestige de l'établissement, a été édifiée à la fin du XIe siècle puis agrandie à la fin du XIIe siècle par le doublement de la nef et l'ajout d'un collatéral au nord. À l'origine l'église comprenait une nef de quatre travées voûtées en berceau se terminant par une abside en cul-de-four ; le vaisseau nord a ensuite reçu des voûtes d'ogives. Des éléments sculptés de grande qualité subsistent à l'intérieur, notamment des chapiteaux à palmettes et des restes d'arcs à décor de dents de scie ; plusieurs chapiteaux ont été déplacés au musée de la Société archéologique de Touraine. La maladrerie accueillait dès le XIIe siècle les lépreux tourangeaux de naissance ; la chapelle était dédiée à Lazare de Béthanie. Des fouilles menées en 1993 ont mis en évidence un agrandissement de la chapelle à la fin du XIIe siècle et permis l'exhumation de 57 squelettes, dont la majorité présentait des atteintes compatibles avec la lèpre ; cette campagne constitue l'un des plus importants chantiers archéologiques français sur le sujet. Au XIVe siècle, avec la régression de la lèpre, la maladrerie fut transformée pour accueillir les pestiférés pendant la peste noire, sans que le nom de « maladrerie » disparaisse. À partir de la fin du XVIIe siècle l'établissement change de vocation : il est rattaché aux ordres religieux puis réuni à l'Hôtel-Dieu de Tours en 1698, avant d'être utilisé au XVIIIe siècle comme entrepôts de quarantaine pour les marchandises. Vendus comme biens nationaux à la Révolution, les bâtiments ont ensuite été remaniés et affectés à des usages variés, ateliers, habitations et dépôts, puis abandonnés pendant plusieurs décennies. Un incendie en 1910 détruisit en partie l'église et la fin du XIXe ou le début du XXe siècle vit la démolition des voûtes, des deux absides et des piliers séparant les vaisseaux. Aujourd'hui, ne subsiste principalement que la façade ouest très remaniée, où l'on distingue encore une fenêtre en plein cintre ornée d'un arc mouluré ; les façades extérieures sont masquées par des murs modernes. Les éléments décoratifs intérieurs visibles mais inaccessibles au public témoignent de la qualité architecturale de l'ensemble. Inscrite à l'inventaire des monuments historiques le 27 janvier 1987, la chapelle Saint-Lazare a fait l'objet de fouilles en 1993 puis a été réhabilitée lors de l'aménagement d'une résidence pour personnes âgées inaugurée le 2 janvier 1997 ; l'édifice est privé et ne se visite pas.