Origine et histoire
La manufacture d'allumettes d'Aubervilliers, située au lieu-dit La Motte, 124 rue Henri-Barbusse (anciennement rue du Vivier), est une ancienne usine qui a fourni jusqu'à 12 milliards d'allumettes par an, soit le quart de la production de la SEITA. Le site était occupé dès le Moyen Âge : en 1402 la seigneurie du Vivier-lès-Aubervilliers y est mentionnée, puis elle passe à la famille de Montholon en 1531 ; au XVIIIe siècle un vivier figure sur le plan de Charles Inselin et les fossés du château des Vertus sont comblés entre la fin du XVIIIe siècle et 1839. Une usine de fabrication d'allumettes est édifiée en 1867 par madame Lequin (dite Delabarre) ; son implantation tire parti de la proximité des abattoirs, qui fournissaient les os calcinés nécessaires à la fabrication du phosphore blanc. Après la loi de 1872 instituant le monopole d'État, la société devient la Compagnie générale des allumettes chimiques en 1874, puis passe sous la tutelle de la Direction générale des Manufactures d'État en 1890, tandis que ses bureaux s'installent en 1876 à Pantin. Au tournant du XXe siècle, la Direction générale décide de reconstruire entièrement le site : le chantier est confié à l'ingénieur Guerquin vers 1900, et l'usine est à nouveau rénovée en 1902 pour accueillir les machines Sévène et Cahen ; c'est à cette époque que la cheminée est édifiée. D'autres bâtiments viennent compléter l'ensemble en 1914, 1937, 1956 et 1957. L'usine cesse son activité en 1962. En 1967 les locaux sont attribués à la Documentation française, qui installe son siège dans un nouveau bâtiment de façade conçu par les architectes François Leclercq et Fabrice Dusapin en 1997. Le département des restaurateurs de l'Institut national du patrimoine y emménage en 2015. Le site constitue le dernier témoin des manufactures d'allumettes en région parisienne : la cheminée non tronquée, entourée de bâtiments à structure métallique et à hourdis de briques polychromes, en est l'élément le plus remarquable. Haute de 45 mètres et réalisée en briques, meulière et pierre de taille pour une masse de 1 200 tonnes, la cheminée est protégée au titre des monuments historiques depuis avril 2005.