Origine et histoire
La manufacture royale de Montolieu, située en bordure de la Dure dans l'Aude, est une ancienne usine textile du XVIIIe siècle. La qualité des eaux, pures et silicieuses, explique la présence et le développement de cette industrie sur place. Dès le Moyen Âge, de petits ateliers familiaux existaient, puis, à la fin du XIIIe et au début du XIVe siècle, ils se groupèrent pour mutualiser savoir‑faire et production. Pour favoriser ce développement, Philippe le Bel accorda aux habitants des franchises par la charte du 27 mars 1312. Après les destructions liées aux guerres de Religion, la région se releva à partir du XVIIe siècle et l'atelier artisanal fit place à une industrie mieux structurée. Sous l'impulsion de Colbert, cette activité prit son essor, encadrée par des statuts et règlements visant la qualité des produits. En 1731 la manufacture obtint l'autorisation de vendre dans les échelles du Levant, et des lettres patentes de 1734 l'érigèrent en manufacture royale. Elle connut son apogée entre 1770 et 1790, mais les guerres qui suivirent la période révolutionnaire ralentirent la production et entraînèrent la dégradation du matériel. Le bâtiment fut vendu en 1909 ; l'édifice a été inscrit au titre des monuments historiques en 2004 et la manufacture a été reconvertie en chambres d'hôtes. La manufacture, fondée par Louis Pascal (1695‑1752), reçut, comme les autres manufactures royales du Languedoc, un don annuel d'encouragement et un important contingent de pièces en 1742 ; ses draps jouissaient d'une réputation de finesse. Pierre‑André‑Louis Thoron, maire de Montolieu, la dirigea à partir de 1756, et le baron Guillaume Peyrusse y travailla de 1798 à 1805, étant rattaché à l'établissement par sa mère, fille du fondateur. En 1939, de février à septembre, des réfugiés républicains espagnols y furent internés lors de la Retirada. Pour répondre au développement de l'entreprise après l'obtention du titre royal, Charles Pascl fit construire un bâtiment abritant ateliers et appartements ; les travaux s'achevèrent en 1740. Le corps de bâtiment est rectangulaire, à un étage sur rez‑de‑chaussée surélevé et étage de comble : les fenêtres du rez‑de‑chaussée et du premier étage sont à arc segmentaire, les autres niveaux étant éclairés par des ouvertures carrées. La porte axiale est surmontée d'un cartouche accosté de deux palmes ; l'inscription "Manufacture... de Montolieu" subsiste, l'adjectif "royale" ayant été bûché à la Révolution. À quelques centaines de mètres en amont, une prise d'eau alimentait la force hydraulique par un béal longeant la façade nord ; ce béal bordait auparavant la façade méridionale jusqu'en 1688 avant d'être comblé pour créer la rue. L'entrée principale ouvre sur un grand escalier à volées droites desservant tous les niveaux, et un long couloir central distribue chaque étage. Le rez‑de‑chaussée était réservé à la réception (salons, salles à manger, bureaux), l'étage noble aux appartements privés, les ateliers et les foulons se trouvaient en sous‑sol et côté béal dans des salles voûtées d'arêtes, et les combles servaient de magasins. La décoration intérieure se limite aux trumeaux de cheminées, en marbre dans les pièces de réception et en bois dans les autres.
