Origine et histoire
L'ancienne prison de Guingamp, située 4 rue Auguste Pavie, est l'une des premières prisons cellulaires des Côtes-d'Armor. Construite entre 1834 et 1841 selon les sources, elle a été conçue par l'architecte Louis Lorin sous l'impulsion de l'inspecteur général Charles Lucas. Inspirée du modèle pennsylvanien préconisé après les rapports de Tocqueville et Beaumont, l'édifice organise des cellules individuelles autour d'une cour centrale desservie par des galeries soutenues par des colonnes. Cette disposition, première en France à proposer une vision plus humaniste de l'enfermement, a fait de la prison un élément majeur de l'histoire de l'architecture carcérale. L'établissement occupe un plan rectangulaire de 3 038 m² au sol et comprend des logements de gardiens, des bâtiments de service et plusieurs petites cours. Il comportait trente-cinq cellules pour hommes, la plupart mesurant environ 4 m sur 1,75 m, et des aménagements permettant une surveillance permanente depuis les galeries. L'aile nord abritait l'atelier et des cellules pour les prévenus, l'aile sud accueillait les hommes condamnés et l'aile est, sur deux niveaux, était réservée aux femmes. Une fontaine au milieu de la cour assurait l'approvisionnement en eau et l'ensemble était ceint d'un chemin de ronde large de 3,40 m et de hauts murs extérieurs d'environ 7 m. Mise en service en 1841, la prison a connu plusieurs usages au XXe siècle, avec transferts de détenus vers Saint-Brieuc, accueil de réfugiés espagnols et périodes de réemploi pour des personnes détenues pour des délits de droit commun. Désaffectée au début des années 1950, elle a ensuite servi jusqu'au début des années 1980 de lieu de stockage pour les archives départementales des hypothèques. La ville de Guingamp est devenue propriétaire du site en 1992 et la prison est classée au titre des monuments historiques depuis 1997. En 2008, la municipalité a engagé des travaux de sécurisation et de restauration d'un montant de 850 000 €, destinés à mettre l'édifice hors d'eau et hors d'air ; les planchers, piliers en bois, garde-corps et la charpente ont été restaurés par la société Ateliers DLB. Depuis le début des années 2010, un projet de réhabilitation en cinq phases, commandé au cabinet d'architecture ARTENE, vise la réutilisation progressive du site ; le programme complet est chiffré à 6 785 000 € HT, avec un budget de pré-étude de 237 000 € en 2013 et un engagement prévisionnel de 2 818 000 € HT pour les deux premières phases. La ville a par ailleurs débloqué 5,3 millions d'euros pour accélérer les phases 3 et 4. L'ancienne prison abrite depuis 2019 le centre d'art GwinZegal, labellisé par le ministère de la Culture, qui propose expositions, résidences et actions pédagogiques autour de la photographie. L'Institut national supérieur de l'éducation artistique et culturelle (INSEAC) s'est installé dans l'enceinte en septembre 2021 pour y assurer des formations et des activités liées à l'éducation artistique et culturelle. Le site est ouvert au public du mercredi au dimanche et propose des parcours immersifs binauraux intitulés "Des mots et des murs", disponibles au Centre d'art GwinZegal. Un ouvrage collectif, La prison de Guingamp de 1841 à nos jours, édité par la ville en partenariat avec l'INSEAC et les archives départementales, complète les ressources disponibles. Des clichés pris lors des Journées européennes du patrimoine en 2013 et 2015 illustrent l'entrée rue Auguste Pavie, les cellules (dont celles de l'isolement), les bâtiments des gardiens, les piliers en bois, le chemin de ronde, les bâtiments des hommes et des femmes et l'accès créé en 2013 à partir de la Cour 6. L'ensemble reste au centre d'un projet de transformation destiné à concilier conservation patrimoniale et nouvelles affectations culturelles et éducatives.