Ancienne prison dans l'Orne

Ancienne prison

  • 61800 Tinchebray-Bocage
Crédit photo : hamon jp - Sous licence Creative Commons
Propriété de la commune

Période

1er quart XVIIe siècle

Patrimoine classé

Prison (ancienne) (cad. AC 377) : inscription par arrêté du 13 décembre 1978

Origine et histoire

L'ancienne prison royale de Tinchebray, avec sa halle et son tribunal du XVIIe siècle, se situe rue de la Paix au cœur de Tinchebray-Bocage (Orne) et est inscrite aux Monuments historiques. Elle fut construite entre 1611 et 1625 pour remplacer un établissement antérieur, selon les traditions en vigueur dans le duché de Normandie. L'édifice a été conçu conjointement avec un auditoire placé au‑dessus de la halle ou « cohue », ce qui permettait de juger les détenus sans les faire sortir du bâtiment. L'ensemble forme un grand bâtiment rectangulaire à un étage, divisé en trois parties. Au sud, la halle au rez‑de‑chaussée servait de lieu de réunion et de proclamation des sentences, tandis que l'auditoire occupait l'étage. Un escalier de bois, situé au centre, n'est pas d'origine. Au nord, les geôles sont desservies par un couloir qui ouvre de l'autre côté sur la chapelle ; chaque cellule possède une latrine et celles du rez‑de‑chaussée servaient autrefois de logement au garde‑champêtre. Tinchebray formait un bailliage secondaire du bailliage de Mortain, créé pour éviter les dangers de la forêt de la Lande Pourrie lors de l'accès à Mortain, et sa juridiction couvrait dix‑sept ou dix‑huit paroisses réparties dans les bailliages de Vire, Falaise et Caen. Vers la fin, le tribunal comprenait un lieutenant particulier civil et criminel, un assesseur civil, un procureur du Roi et un commissaire aux saisies réelles. Pendant la chouannerie normande, l'abbé Dulaurant et trois autres chouans furent incarcérés dans cette prison et risquaient l'exécution. Dans la nuit du 20 au 21 prairial An II, Michelot Moulin, chef chouan de Saint‑Jean‑des‑Bois, pénétra dans Tinchebray avec 75 compagnons ; par ruse, trois chouans déguisés en abbé et deux faux gardes se présentèrent au geôlier, qui leur ouvrit la porte, permettant la délivrance de tous les prisonniers sauf un voleur. Aujourd'hui, l'ensemble — tribunal, halle et prison royale — est visitable : on peut voir l'auditoire, les cellules restées dans leur état originel avec des graffitis de la fin du XVIIIe siècle, la chapelle, le cachot dit « basse fosse » et le logis du geôlier. Des objets du début du XXe siècle témoignent du savoir‑faire régional, et un intérieur normand avec coiffes et dentelles a été reconstitué.

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