Origine et histoire
L'ancienne usine-pensionnat Girodon, située à Saint-Siméon-de-Bressieux (Isère), réunit une manufacture de tissage de la soie et un internat destiné aux ouvrières. Elle a été édifiée entre 1873 et 1875 sur les plans d'un architecte dont le nom n'est pas connu, au bord du ruisseau de Baize. L'ensemble illustre l'essor industriel du Bas-Dauphiné dans la seconde moitié du XIXe siècle. L'usine se compose de deux corps de bâtiments reliés par une verrière dont la charpente métallique est de type Polonceau ; de minces poteaux métalliques dégagent l'espace intérieur et les encadrements des portes et fenêtres sont en brique cuite. Le pensionnat attenant, construit en pisé sur un soubassement de pierre, adopte un plan en L qui détermine une cour intérieure ensoleillée avec un bassin central ; des douches étaient installées dans un angle. Le côté nord présente un avant-corps central à fronton triangulaire, tandis que le côté sud comprenait une partie réservée à la direction. Dès 1875, une cité ouvrière a été aménagée pour loger les ouvrières, parfois venues de loin, qui restaient sur place pendant la semaine. La manufacture a connu une forte croissance : 350 employés en 1874, environ 973 en 1885 dont 800 ouvrières, et un point culminant proche de mille ouvriers en 1889. Le déclin débute au XXe siècle, avec 800 ouvriers en 1914, 160 employés en 1929, puis la fermeture de l'usine en 1934. En juillet 1942, l'ensemble des bâtiments a été acquis par le constructeur automobile Peugeot, puis en 1987 par le groupe Sachs et Huret, qui a poursuivi une production de transmissions mécaniques. Le site témoigne de l'usage conjoint du verre, du métal, de la brique et de la terre crue dans l'architecture industrielle du XIXe siècle. L'ensemble usine et cité-pensionnat a été inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du 17 juillet 1990, en tant que « témoin exceptionnel de la mise en œuvre de la terre crue pour la construction de la cité et comme remarquable exemple vertical et horizontal pour ce type de fabrique ». Il s'agit d'une propriété privée fermée aux visites, mais la verrière et une grande partie des bâtiments sont visibles depuis la Grande-Rue de Saint-Siméon-de-Bressieux. Une visite guidée ponctuelle a toutefois été proposée par l'office de tourisme local le 16 juillet 2024, animée par Gérard Duchaine. Des études et publications consacrées à la soierie Girodon et aux usines-internats dans la région figurent en bibliographie, notamment des travaux de Raymond Moyroux, Abel Chatelain, Valérie Huss et Andrée Gautier.