Origine et histoire de l'Annexe du siège central du Crédit lyonnais
Banque fondée à Lyon en 1863 par Henri Germain, le Crédit Lyonnais installa son siège central parisien sur l’emplacement de l’hôtel de Boufflers à l’angle du boulevard des Italiens et de la rue de Choiseul, chantier engagé à partir de 1875. L’architecte William Bouwens van des Boijen, naturalisé français, assisté de son fils Richard, dirigea les premiers travaux et signa notamment, en 1882, le grand escalier à vis à double révolution inspiré de celui du château de Chambord. La construction se poursuivit par agrandissements successifs entre 1882 et 1913 sous la conduite des mêmes architectes, André-Félix Narjoux prenant la direction des travaux dès 1905 et Victor Laloux contribuant à l’achèvement et à la façade sur la rue du Quatre-Septembre en 1912-1913. En 1913, l’édifice occupait l’ensemble de l’îlot d’un hectare délimité par le boulevard des Italiens, la rue de Gramont, la rue du Quatre-Septembre et la rue de Choiseul ; son unité monumentale masque la diversité des campagnes de construction. Surnommé Hôtel des Italiens et propriété de LCL, le bâtiment, inscrit parmi les témoins de l’architecture commerciale parisienne de la fin du XIXe siècle, fut quitté par la banque en 2010 pour Villejuif ; il est desservi par les stations Quatre-Septembre et Richelieu–Drouot. À l’extérieur, le pavillon central, inspiré du pavillon de l’Horloge et du pavillon de Flore du Louvre, présente une double serlienne et un fronton sculpté par Camille Lefèvre représentant une allégorie des activités bancaires, soutenu par quatre cariatides autour d’une grande horloge. L’habillage en pierre recouvre une ossature métallique, en partie fournie par les établissements de Gustave Eiffel ; de vastes verrières éclairent deux halls d’extrémité et la grande galerie centrale. L’intérieur conserve la double vocation publique et hiérarchique voulue par ses concepteurs : halls et galeries traversants, bureaux non cloisonnés et espaces prestigieux comme la salle du conseil qui a gardé son décor et son mobilier. La salle des titres a disparu, mais subsistent l’agence centrale avec ses deux halls sur le boulevard des Italiens, modernisée dans son mobilier mais intacte dans son architecture, et l’agence Quatre-Septembre dont la coupole conserve son armature métallique peinte. L’escalier à double révolution demeure l’élément emblématique : conçu pour permettre à deux populations d’emprunter le même escalier sans se rencontrer, il alterne volées en pierre et marches métalliques aux étages supérieurs et s’éclaire par une verrière élevée, selon le parti pris industriel de l’époque. Au tournant du XXe siècle le bâtiment fut l’un des premiers de Paris à recevoir de l’électricité et des dispositifs originaux, comme des dalles vitrées pour éclairer les coffres, et comprenait des salles ouvertes et des guichets sans fermeture. Il échappa en 1957 à un projet de percement central au profit d’une tour de vingt étages et fit l’objet, au début des années 1970, d’une rénovation visant à moderniser installations et informatiques : la salle des titres due à Eiffel fut alors supprimée, la verrière retirée et un jardin suspendu installé au-dessus des bureaux. Le 14 mai 1976, le président Jacques Chaine fut assassiné devant le siège ; en avril 1996 le hall Quatre-Septembre servit de décor au tournage du film Le Cri de la soie. Le 5 mai 1996 un incendie déclenché dans la salle des marchés se déclara tôt le matin et, après l’effondrement de la dalle du jardin intérieur, se propagea violemment ; quelque 600 pompiers mobilisés mirent environ dix-neuf heures à maîtriser l’incendie, qui dévasta les deux tiers du côté de la rue du Quatre-Septembre, inonda partiellement la salle des coffres et fut qualifié d’incendie volontaire. Après ces dégâts importants, le Crédit Lyonnais vendit le siège pour 1,3 milliard de francs à l’assureur AIG ; le bâtiment fut alors séparé en deux, la banque conservant le cœur historique appelé « Hôtel des Italiens », qui représente environ un quart de l’ensemble et abrite notamment l’état-major, la salle du Conseil et l’escalier en double révolution, tandis que la partie la plus endommagée fut rebaptisée « le Centorial ». D’importants travaux de reconstruction engagés en janvier 2001 pour le compte du nouvel investisseur ont cherché à concilier la préservation des parties classées et la création d’un immeuble de bureaux moderne : la salle des marchés et le jardin suspendu furent remplacés par une longue galerie couverte d’une verrière métallique évoquant la galerie des titres originelle. Le lieu a depuis retrouvé des usages variés, accueillant notamment la rédaction du journal Les Échos en 2006 et le campus parisien de l’EDHEC en 2012. En 2008, la restitution d’un écusson décoratif en plomb aux armes de Lyon, œuvre de Jean‑Claude Duplessis, fut recommandée pour reposer au sommet du pavillon d’honneur afin de rétablir un élément de son décor d’origine.