Origine et histoire de l'Appartement et atelier Eugène-Delacroix
L’immeuble appartient aux anciennes dépendances du palais abbatial de Saint‑Germain‑des‑Prés et l’atelier de Delacroix y a été construit en 1857. Le musée national Eugène‑Delacroix, fondé à la fin des années 1920 par la Société des Amis d’Eugène Delacroix, a ouvert ses portes en juin 1932 et a été classé musée national en 1971. Installé dans le dernier appartement et atelier du peintre, il occupe le logement où Delacroix vécut de décembre 1857 à sa mort le 13 août 1863. La Société des Amis, présidée par Maurice Denis et rassemblant notamment Henri Matisse, Paul Signac et Édouard Vuillard, fut créée pour sauver ces lieux menacés de destruction.
Delacroix avait quitté son atelier de la rue Notre‑Dame‑de‑Lorette pour un logement plus proche de l’église Saint‑Sulpice et moins pénible d’accès ; il obtint un bail de quinze ans et l’autorisation de construire un atelier dans le jardin sous réserve de soumettre les plans. Les travaux prirent du temps, mais l’artiste s’installa enfin en décembre 1857. L’appartement, d’environ 150 m², comprenait deux chambres, une salle à manger, un salon, une petite bibliothèque ouvrant sur l’escalier de l’atelier, une cuisine et un office, ainsi que deux chambres pour les domestiques au dernier étage ; cette distribution est toujours celle du musée actuel.
Après la mort de Delacroix, les locaux furent occupés par la Société Saint‑Vincent‑de‑Paul. En 1928, la rupture du bail entraîna la mobilisation de peintres et d’historiens – parmi eux Maurice Denis, Paul Signac, André Joubin et Raymond Escholier – qui créèrent la Société des Amis de Delacroix pour empêcher la démolition et assurer le maintien du lieu. La Société obtint des aides, paya le loyer, entreprit des travaux et organisa des expositions annuelles dès les années 1930. En 1952 l’appartement fut mis en vente ; un acquéreur se désista au profit de la Société qui, faute de moyens pour acheter, dut céder une partie de ses collections aux musées nationaux. En 1956, l’État accepta la donation de l’appartement, de l’atelier et du jardin et s’engagea à y ouvrir un musée, la Société conservant toutefois son siège et poursuivant l’organisation d’expositions.
Le musée prit progressivement son visage actuel ; le jardin fut reconstitué d’après des documents d’époque. Rattaché au musée du Louvre depuis 2004, il a poursuivi ses acquisitions, parmi lesquelles Le Cardinal de Richelieu disant la messe dans la chapelle du Palais‑Royal acquis en 2015 et le Portrait de George Sand acquis en 2016. Depuis le 1er janvier 2016, le musée fait partie du réseau des Maisons des Illustres.
Les collections réunissent des œuvres couvrant une grande partie de la carrière de Delacroix : peintures, esquisses, dessins, estampes, lithographies et pierres lithographiques, objets personnels, palettes, manuscrits et lettres. On y trouve plusieurs œuvres majeures de l’artiste, telles que La Madeleine dans le désert, L’Éducation de la Vierge et Roméo et Juliette au tombeau des Capulet, ainsi que le Portrait d’Auguste‑Richard de La Hautière, issu de la série des portraits de la pension Goubaux. Le musée conserve également trois dessus de porte peints à l’automne 1834 pour l’abbaye de Valmont — Anacréon et une jeune fille, Léda et le Cygne, Bacchus et un tigre — acquis en 1992, ainsi que des copies et des hommages d’artistes postérieurs, comme la reproduction des Femmes d’Alger par Henri Fantin‑Latour. Certaines œuvres témoignent aussi des sources d’inspiration de Delacroix, notamment Goya, des reliures médiévales et des vêtements orientaux.
En matière de gravure et de lithographie, le musée conserve de nombreuses estampes, une collection presque complète des lithographies originales et la série de pierres lithographiques de la « suite Hamlet » avec les tirages correspondants. La lithographie Le Tigre royal (1829) illustre la virtuosité de Delacroix dans le dessin animalier. L’accrochage des estampes et dessins est régulièrement renouvelé afin de limiter leur exposition à la lumière.
La bibliothèque du musée rassemble manuscrits, journaux, lettres autographes et écrits de Delacroix, ainsi qu’une documentation abondante sur le XIXe siècle et la littérature contemporaine de l’artiste. Elle comprend plus de 2 200 ouvrages, principalement en français, et a fait l’objet d’une réorganisation thématique en 2016 ; son catalogue est en cours d’informatisation.
Depuis son ouverture, le musée a accueilli de nombreuses expositions temporaires, de l’exposition d’ouverture Eugène Delacroix et ses amis en 1932 aux expositions plus récentes comme Delacroix en héritage (2013), Une lutte moderne, de Delacroix à nos jours (2018), Dans l’atelier — La création à l’œuvre (2019) et Un duel romantique — Le Giaour de Lord Byron par Delacroix (2020–2021). Plusieurs catalogues accompagnent ces manifestations, parmi lesquels Ingres et Delacroix — Objets d’artistes (2024), Delacroix et l’antique (2015), Delacroix en héritage (2013) et Delacroix : le trait romantique (1998).
Pour compléter la visite, on peut consulter l’atelier de la rue Furstenberg et la liste des musées parisiens, ainsi que les ressources en ligne fournies par le site officiel du musée, l’Agence Photo RMN‑Grand Palais, AGORHA, la base Mérimée, Muséofile et diverses notices d’autorité.
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