Aqueduc antique (restes de l') à Fréjus dans le Var

Patrimoine classé Vestiges Gallo-romain Aqueduc gallo-romain Patrimoine hydraulique

Aqueduc antique (restes de l')

  • 405-561 Avenue du 15eme Corps d'Armée
  • 83370 Fréjus
Aqueduc de Mons à Fréjus
Aqueduc antique restes de l
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Crédit photo : Auteur inconnu - Sous licence Creative Commons
Propriété de la commune

Période

IIe siècle

Patrimoine classé

Aqueduc antique (restes de l') : classement par arrêté du 12 juillet 1886

Origine et histoire de l'Aqueduc de Mons

L'aqueduc de Mons à Fréjus est un ouvrage romain alimentant la ville de Fréjus depuis Mons et Montauroux ; il est classé au titre des monuments historiques depuis 1886. Sa longueur totale est de 41 567 mètres, soit vingt-six kilomètres en longueur orthodromique. À l'origine, il était alimenté par la Foux de Montauroux, puis une seconde source, la Siagnole ou Neissoun, est venue l'alimenter environ vingt ans plus tard, ce qui lui a valu l'appellation de « bicéphale ». Le départ se situe à 516 mètres d'altitude, la température moyenne de l'eau y est de 10,5 °C, et Fréjus se trouve à 34 mètres d'altitude ; la pente moyenne est de 1,1 %. L'eau mettait environ 17 heures pour parcourir l'ensemble du conduit à une vitesse moyenne de 2,4 km/h, avec un débit moyen estimé à 34 litres par seconde, soit près de 2 900 m³ par jour. La section interne de l'aqueduc mesure 1,60 m de hauteur sur 0,70 m de largeur, l'équivalent de deux pieds romains. Le tracé est majoritairement souterrain, sauf à l'approche de Fréjus, et l'ouvrage a été partiellement réutilisé en 1794 pour y installer la conduite d'alimentation dite de la « 2e convention ». La date de construction est estimée au milieu du Ier siècle, mais la durée du chantier, son coût et son mode de financement restent inconnus. L'étude des concrétions internes, qui s'accroissent d'environ un millimètre par an, suggère une durée d'exploitation d'environ 305 ans, et les cinq à sept derniers kilomètres ont été maintenus en service.

Le parcours rencontre de nombreux vallons, franchis en majorité par des ponts ou des tranchées plutôt que par des tunnels, et ces franchissements constituent un point faible de l'ouvrage en raison des dépôts carbonatés et des crues méditerranéennes. La Roche-Taillée, obstacle majeur du trajet montagneux, a connu un premier état d'effondrement suivi par la réalisation d'une tranchée monumentale, et le franchissement a donc connu au moins deux états. À la sortie de la zone montagneuse, deux descentes très pentues, dites « rapides de Pibresson » et la descente du plateau de Callian, présentent des pentes fortes ; le trajet de Callian, désormais bien identifié, est étonnamment rectiligne avec une pente moyenne de 8 % et sans puits de chute ni bassin de ralentissement, et il n'a pas été retrouvé lors de terrassements importants dans la zone dite Château Camiole. Dans la plaine de Callian et de Montauroux, le tracé, très rectiligne, a été largement détruit par d'anciennes exploitations agricoles et par l'urbanisation, et il présente des modifications de structure d'âges différents.

Les recherches d'archives et les vérifications sur le terrain montrent que la branche dite de la Foux prenait sa source à la Foux de Callian et qu'une branche de dérivation franchissait le Biançon peu après les Foux pour rejoindre la branche principale à Gayet par un pont connu sur la Carpénée, sans doute pour suppléer la fragilité des franchissements successifs plus en aval. Le franchissement du Biançon à Fondurane (Gayet), découvert récemment grâce à des archives et à des observations de terrain, avait longtemps été confondu avec l'exutoire du moulin et de la scierie ; l'importance du bassin versant explique l'existence de deux états successifs et d'une voie sud de suppléance passant par Plaine Neuve, et ce passage semble avoir posé plus de problèmes que la Roche-Taillée.

Dans la traversée du lac de Saint-Cassien, l'aqueduc a été réutilisé en 1892 pour l'installation d'une conduite en amiante-ciment de 40 cm destinée à alimenter Fréjus et Saint-Raphaël, travaux étudiés par les ingénieurs Perrier et Périer, et l'ouvrage a pu être intégralement observé en septembre 2006 en raison d'une baisse exceptionnelle du niveau du lac. La galerie romaine des Vaux, qui franchit le col des Vaux, mesure 852 mètres de longueur ; en raison de son altitude et de la formation du lac, elle n'avait jamais été visible et constitue un point faible nécessitant la mise en place d'un drain. La vallée du Reyran a été en grande partie inondée lors de la mise en eau du barrage de Malpasset puis à nouveau lors de la construction du barrage-poids de Saint-Cassien en 1962, ce qui a effacé de nombreuses traces de l'aqueduc dans une zone accidentée à forte pente.

À l'approche de Fréjus, après le franchissement d'un affluent du Reyran et de l'autoroute A8, le conduit suit les lignes de niveau et franchit plusieurs ponts dont subsistent des vestiges remarquables : les arches de l'Esquine, les arches doubles Sénéquier, le pont de la Moutte et le pont du Gargalon, dont une arche enjambe aujourd'hui un chemin cyclable le long de la D637. Le canal romain est ensuite partiellement enclavé dans des lotissements et des propriétés privées, comporte plusieurs passages souterrains et des restes en extérieur tels que les arches Bérenguier et le pont de la Combe de Rome, et il émerge finalement dans le parc de la Villa Aurélienne. Sur 695 mètres il emprunte le pont de Sainte-Croix, qui comptait 86 arches ; dix arches et neuf piles isolées sont encore visibles dans le parc Aurélien et sur l'avenue du XVe corps, et les dernières traces apparaissent sur les ruines du rempart romain jouxtant le Clos de la Tour. L'urbanisation de la ville romaine de Fréjus a détruit ou masqué les réseaux secondaires et les thermes de Villeneuve.

L'ouvrage présente une grande rusticité et peu d'ornementation ; un buste en bas-relief aux arches de la Bouteillère symbolise la puissance romaine, mais il est très abîmé. Les Romains ont surtout employé le mortier de chaux à gros granulats, dit « béton romain », et le mortier de tuileau, à base de chaux et de débris de briques pour l'étanchéité, en utilisant localement les matériaux disponibles sur un trajet géologiquement varié ; on relève plusieurs carrières et fours à chaux le long du tracé. Les principaux tunnels du parcours sont ceux de San-Peyre, de Pibresson, de l'Esquine et la galerie des Vaux, les autres galeries (Gayet, Boson Escoffier, Moutte) étant de moindre importance. La technique des siphons n'a pas été utilisée pour l'époque romaine, sauf pour les conduites de 1892 et, plus tard, pour la conduite dite du Génie réalisée en tubes métalliques, chaque passage en siphon étant équipé de regards et de ventouses.

Les regards d'origine sont peu nombreux, ce qui empêche d'en évaluer l'espacement moyen, et l'on observe des traces de taille de pierre, des trous pour le calage par coins de bois et des dispositifs de soutien de coffrage. En région karstique, l'ennemi principal de l'aqueduc fut l'entartrage carbonaté, qui accroissait le poids des ponts et réduisait la vitesse d'écoulement ; pour cet aqueduc on estime une croissance des dépôts d'environ 1 mm par an, soit 10 cm par siècle, nécessitant des curages réguliers. Ces dépôts internes présentent des stries annuelles composées de doublets clair-foncé et parfois des plans de clivage attribués à des périodes de sécheresse ; leur étude permet des approches rétrospectives du climat, mais les techniques d'échantillonnage et de polissage sont destructrices et doivent être maniées avec prudence.

La date de fin d'exploitation globale de l'aqueduc n'est pas précisément connue ; la dernière mention historique connue concerne le siège de Fréjus en 1590, lorsque l'aqueduc fut mis hors d'usage, mais le quart supérieur est resté en service pour l'approvisionnement des fiefs entretenus par la maison de Villeneuve. L'ouvrage a par ailleurs été réaménagé localement pour l'irrigation de la plaine de Fonduranne et pour le fonctionnement du moulin et de la scierie, et certaines sections ont été réutilisées partiellement au XIXe siècle pour des conduites modernes.

Liens externes