Origine et histoire de l'Aqueduc de Fontenay
Portion d'aqueduc gallo-romain. L'aqueduc de Fontenay, parfois appelé aqueduc du Cher, est un conduit en grande partie souterrain qui alimentait vraisemblablement la ville antique de Caesarodunum, devenue Tours, en complétant l'apport des sources, puits et d'un autre aqueduc intra-muros. Il prend son nom du lieu-dit Fontenay, près de Bléré, où se trouvaient ses captages principaux, issus d'une nappe phréatique encore exploitée au XXIe siècle, et recevait le concours de plusieurs sources secondaires. Son tracé connu suit la rive gauche du Cher, souvent encastré dans le coteau calcaire, et n'est interrompu que ponctuellement par des ouvrages permettant le franchissement des vallons ; il est reconnu entre Bléré et Saint-Avertin mais sa continuité au-delà de Saint-Avertin reste indéterminée en raison des bouleversements modernes. Daté plausiblement du Haut-Empire, probablement du Ier siècle, il a bénéficié d'entretien et de réfections successives jusqu'à son abandon à une époque difficile à préciser, semble-t-il antérieure au Haut Moyen Âge. Les vestiges conservés, parfois visibles sous forme d'anomalies linéaires du relief ou de maçonneries mises à nu par des éboulements, sont le plus souvent sur des propriétés privées ; quelques éléments aisément accessibles subsistent cependant, comme une portion de canal déplacée exposée à l'entrée du camping de Véretz, des piles et des conduits en bordure de route, ainsi que des arcades et piles de ponts dans plusieurs parcs et vallons. Un tronçon voûté dégagé sur un domaine privé à Athée-sur-Cher fait l'objet d'une protection au titre des monuments historiques.
L'aqueduc paraît avoir été conçu pour une section intérieure d'environ 0,50 m de large et 0,60 m de haut, avec une hauteur sous voûte proche de 1,30 m ; la construction consistait à enterrer un canal maçonné en mortier, posé sur un radier et pourvu de piédroits, puis voûté et partiellement recouvert par le remblai. Au moment de la construction, le canal n'était pas systématiquement enduit d'un mortier étanche ; des concrétions calcaires ont souvent assuré l'étanchéité, et un mortier au tuileau a été appliqué lors de campagnes de réparation. Là où le relief l'exigeait, la canalisation a été portée en aérien sur murs continus ou sur arches prenant appui sur des piles : dix-huit emplacements de ce type ont été recensés, dont six ponts-aqueducs attestés, le plus long atteignant 110 mètres, et un mur porteur de 60 mètres identifié. Les techniques observées associent parements en petit appareil, noyau de blocage en opus caementicium, lits de briques et, pour certaines reprises, le placage d'une seconde voûte et l'ajout de contreforts ou de reconstructions de piles.
Les matériaux employés étaient locaux : pierres calcaires et silex extraits du coteau, sables et graviers du Cher pour les mortiers, chaux produite à proximité. Pour la seule longueur reconnue du canal, les estimations portent à environ 20 000 m3 de mortier et 12 500 m3 de pierres, et la durée du chantier n'a probablement pas été inférieure à un an. La pente moyenne relevée sur le tracé connu est de 1,17 m/km, variant entre 0,50 et 4,40 m/km, avec un dénivelé total d'environ 25 mètres ; le débit estimé, calculé selon la formule de Bazin et les caractéristiques du canal, varie de 2 300 à 5 400 m3 par jour (soit 27 à 62 l/s), valeur inférieure aux besoins présumés de la cité.
Les captages principaux se situent aux Grandes Fontaines de Bléré, où des galeries amenaient l'eau vers un bassin de décantation aujourd'hui détruit par des travaux modernes, et la Fontaine-Saint-Martin qui rejoint le système non loin de Fontenay ; d'autres sources et rus issus des coteaux de la région contribuaient également à l'alimentation. Le nom de Fontenay renvoie d'ailleurs au latin fons (source), avec un suffixe désignant un ensemble de sources.
La destination finale du conduit reste discutée : soit il se poursuivait au-delà de Saint-Avertin vers un point aujourd'hui inconnu, soit il s'arrêtait à Saint-Avertin pour desservir des villas, hypothèses jugées peu probables par certains en regard de la pente calculée, soit il aboutissait effectivement à Tours et la traversée de la plaine du Cher et la section terminale n'ont pas été reconnues. Trois modes de franchissement du lit majeur ont été envisagés par les spécialistes : une digue-canalisée, un pont-aqueduc ou un siphon sous-fluvial, ce dernier paraissant le plus plausible, sans que l'archéologie du début du XXIe siècle permette de trancher. À l'intérieur de Tours, aucun vestige attribuable avec certitude à cet aqueduc n'a été identifié.
L'entretien régulier visait à éliminer l'accumulation de dépôts calcaires qui pouvait réduire le débit ; des traces de nettoyages et de réfections, parfois au mortier de tuileau, témoignent d'interventions répétées. Aucun système de trappe de visite n'a été formellement identifié, bien que leur existence soit probable, et des supports de lampe observés au XIXe siècle ont disparu. L'arrêt définitif du fonctionnement semble avoir été soudain, puisque des campagnes d'entretien, amorcées puis inachevées, n'ont pas été suivies d'une remise en eau ; la réutilisation de maçonneries dans des monuments postérieurs indique que l'aqueduc était hors service et partiellement démantelé à l'époque médiévale.
Les vestiges font l'objet d'une documentation ancienne et moderne : mentions du XIXe siècle, relevés et fouilles ponctuelles aux XXe et XXIe siècles ont permis de préciser le tracé sur six communes de la rive gauche du Cher (Bléré, Athée-sur-Cher, Azay-sur-Cher, Véretz, Larçay, Saint-Avertin) et d'établir une synthèse des connaissances, sans pour autant résoudre la question de sa traversée du Cher ni restituer de façon certaine sa terminaison.