Origine et histoire de l'Aqueduc de la Brévenne
L'aqueduc de la Brévenne alimentait la ville antique de Lugdunum, l'actuelle Lyon ; il s'agit du troisième aqueduc lyonnais et il mesurait 70 km, arrivant au quartier de Fourvière dans le 5e arrondissement. Il tient son nom de la rivière Brévenne, dans le bassin-versant de laquelle il captait son eau. L'ouvrage a été construit sous le règne de l'empereur Claude ; une analyse archéomagnétique réalisée en 2016 sur des carottages de briques du rampant des Massues fournit un intervalle de datation compris entre 23 av. J.-C. et 88 apr. J.-C. Le premier captage se situe à environ 600 mètres d'altitude sur la commune d'Aveize ; l'aqueduc suit le revers des monts du Lyonnais et les contourne par le nord pour rejoindre la vallée de la Saône. Environ 95 % du tracé était enterré ; seules des portions aériennes subsistaient, notamment deux lignes d'arches à Lentilly (650 mètres) et à Lyon (1 900 mètres), ainsi qu'un pont-siphon franchissant le vallon du ruisseau des Planches à Écully, dont ne restent que le rampant des Massues et une section du pont-siphon. Le pont-siphon est un ouvrage construit au fond d'une dépression pour supporter une ou plusieurs conduites forcées : celles-ci partent d'un réservoir de charge alimenté par l'aqueduc, descendent le long d'un rampant vers le pont puis remontent vers un réservoir de chasse situé quelques mètres plus bas afin de maintenir l'écoulement. La pente idéale pour un aqueduc était d'environ 1,5 ‰ ; au-delà, la vitesse de l'eau risquait d'excéder 1 m/s et d'entarner le revêtement. L'aqueduc de la Brévenne, partant d'une altitude élevée, présentait une pente moyenne de l'ordre de 5 ‰ ; pour la réduire on a aménagé de courts biefs quasi horizontaux séparés par des chutes dans des puits dits « de rupture de pente » d'environ 2,3 à 2,5 mètres, formant parfois un « escalier hydraulique » comme à Chevinay (site de Plainey aujourd'hui recouvert), où l'eau descendait de 87 mètres sur 300 mètres. Les estimations de débit varient : Camille Germain de Montauzan avance 28 000 m3 par jour (324 L/s), valeur qualifiée aujourd'hui de débit théorique, tandis que Jean Burdy propose une évaluation plus basse de 10 000 m3 par jour (115 L/s). Les vestiges du rampant et du réservoir de fuite du siphon des Massues, situés à Tassin‑la‑Demi‑Lune à la limite d'Écully, sont protégés au titre des monuments historiques : les quatre piles sont classées depuis 1945, le réservoir de fuite est classé depuis 1986 et le reste des vestiges est inscrit depuis 1985 ; ces éléments se trouvent sur une propriété privée à l'extrémité de la rue des Aqueducs à Écully, devenue la rue de Boyer, mais restent visibles depuis l'espace public. Des vestiges et des reconstitutions de l'aqueduc sont visibles à Courzieu, dans le Parc de l'Aqueduc à Dardilly, sur le site du pont-siphon des Planches à Écully et à travers une reconstitution réalisée par M. Gabut.