Origine et histoire
L'aqueduc de Nîmes est un aqueduc romain qui reliait autrefois Uzès à Nîmes et dont les vestiges, apparents ou enfouis, se répartissent sur plusieurs communes du Gard. Les tronçons antiques se confondent parfois avec le canal dit du Pouzin, un dispositif du XIXe siècle qui double partiellement l'aqueduc antique : de diamètre plus important (2,20 à 3 m), il reprend souvent le même tracé et lui est parfois superposé, rendant leur distinction très difficile, sauf là où l'écart de courbure atteint un à deux mètres. Le relief a évolué entre l'Antiquité et aujourd'hui, des dépôts alluvionnaires ayant modifié les courbes de niveau et dissimulé des éperons rocheux, provoquant de légères déviations de l'ouvrage à quelques mètres près ; pour cette raison la protection porte sur la totalité des parcelles et non sur une simple ligne. Les vestiges dégagés relèvent de deux situations : certains, d'intérêt essentiellement scientifique, peuvent être réenfouis — une grande partie étant déjà souterraine — ; d'autres, visibles, notamment les ouvrages d'art comme les ponts, méritent d'être présentés au public et protégés contre les dégradations, y compris naturelles. Après l'étude d'Émile Espérandieu en 1926, de nouvelles recherches menées de 1984 à 1990 concluent que l'aqueduc aurait été construit entre 40 et 80, plus probablement sous Claude. L'analyse des concrétions déposées sur les parois du conduit met en évidence deux périodes de fonctionnement : une première phase en eau claire, correspondant à un fonctionnement normal d'environ un siècle et demi, puis une seconde phase marquée par des traces terreuses liées à une dégradation de l'ouvrage à partir du milieu du IIIe siècle ; l'exploitation ne paraît pas avoir dépassé le VIe siècle. Le tracé débute à la fontaine d'Eure, aux alentours d'Uzès ; en 2023, une portion de canalisation antique découverte en amont des sources de l'Eure laisse supposer une extension des points de captage jusqu'aux sources du Moulin-Neuf à Saint-Quentin-la-Poterie, rallongeant ainsi la longueur initiale de plus de 2 km. Depuis la fontaine d'Eure, l'aqueduc parcourt ensuite environ cinquante kilomètres à travers la garrigue et franchit le Gardon grâce au pont du Gard pour aboutir au castellum divisorium de Nîmes. L'ouvrage a fait l'objet de protections au titre des monuments historiques, effectuées en plusieurs étapes : le pont du Gard figure parmi les premiers monuments classés dès 1840, le castellum de Nîmes a été classé en 1875, et d'autres arches et ponts ont été classés ou inscrits entre 1979 et 1987 ; divers vestiges ont ensuite été inscrits progressivement entre 1997 et 1999 dans des communes telles qu'Uzès, Argilliers, Vers-Pont-du-Gard, Remoulins, Saint-Bonnet-du-Gard, Lédenon, Sernhac, Bezouce, Marguerittes et Saint-Gervasy. Sur le plan constructif, l'aqueduc repose sur un radier en béton non armé, en mortier de chaux et calcaire, d'environ 40 centimètres d'épaisseur ; les pieds-droits sont maçonnés et leur intérieur recouvert d'enduits d'étanchéité. Le canal lui-même était protégé par deux couches d'enduit, l'un de base et un second très élastique composé de chaux, de vin, de lait de figue et de graisse de porc (maltha), puis recouvert d'une dalle ; le long du tracé, l'édifice est parfois renforcé par des contreforts ou des entretoises. Pour assurer l'écoulement, l'aqueduc a été construit avec une pente faible et constante — environ 25 centimètres par kilomètre sur 50 kilomètres — permettant un débit d'environ 35 000 m3 par jour.