Origine et histoire
L’aqueduc Médicis, dit aussi aqueduc des Eaux de Rungis, a été construit sur ordre de Marie de Médicis pour conduire à Paris les sources captées à Rungis, dans l’actuel Val‑de‑Marne ; il appartient à la Ville de Paris et est géré par Eau de Paris. Mis en eau le 19 mai 1623 jusqu’à la Maison du Fontainier, il fallut attendre cinq ans pour qu’il fournisse les fontaines publiques de la capitale. Il s’agit essentiellement d’une galerie souterraine qui franchit la vallée de la Bièvre par un pont‑aqueduc entre Arcueil et Cachan, ouvrage qui a valu à l’ouvrage son ancien nom d’« aqueduc d’Arcueil ». La portion extérieure à Paris est inscrite au titre des monuments historiques et certains éléments sont classés. Les travaux furent adjugés en 1612 à Jean Coingt, dont le gendre Jean Gobelain prit la suite après sa mort ; le jeune Louis XIII posa la première pierre du grand regard de Rungis en juillet 1613. À l’origine long de 12 936 mètres, l’aqueduc reliait le carré des eaux de Rungis au château d’eau de l’Observatoire à Paris en traversant Fresnes, L’Haÿ‑les‑Roses, Cachan, Arcueil, Gentilly puis les 14e et 6e arrondissements. Sous le Second Empire, la partie parisienne fut déclassée : à partir du boulevard Jourdan les eaux furent acheminées vers les réservoirs du Panthéon, puis, après la suppression de ceux‑ci en 1904, déversées dans le lac du parc Montsouris, ce qui réduit la longueur actuelle à 10 420 mètres. Contrairement aux aqueducs du Second Empire, son tracé n’est pas matérialisé en surface et il traverse des propriétés privées soumises à une servitude de 30 mètres de part et d’autre, limitant constructions et installations polluantes. La galerie souterraine fait environ un mètre de large et 1,75 mètre de hauteur, voûtée en plein cintre et appuyée sur des murs en meulière et caillasse liés au mortier, avec des chaînages de pierres de taille ; le sol présente deux banquettes séparées par une cunette carrée d’environ 40 centimètres. Située à quelques mètres sous le niveau du sol (jusqu’à 15 mètres entre Rungis et Fresnes), elle permet de marcher à sec sur toute sa longueur et présente une pente moyenne de 1,4 m pour 1 000 m. L’eau y circule librement jusqu’au regard n°10 à Cachan ; au‑delà, elle chemine dans une conduite en fonte installée lors du raccordement aux réservoirs du Panthéon. La galerie n’a jamais été reconstruite intégralement, malgré des réparations ponctuelles, la réalisation de deux siphons au niveau des autoroutes A86 et A6, et une déviation contournant le parc Médicis. Les regards, édicules permettant l’accès à la galerie via un escalier et favorisant l’oxygénation et la décantation, jalonnent le parcours avec 21 regards encore en service et 258 trappes de visite ; seuls les n°16 et 21 n’existent plus en surface. Les regards n°1 à Rungis (regard Louis‑XIII), n°3 à Fresnes et n°13 à Arcueil sont classés au titre des monuments historiques. L’ancienne partie parisienne comptait six regards ; le n°27, le château d’eau de l’Observatoire ou « Maison du Fontainier », abritait le logement du fontainier et, en sous‑sol, la répartition des eaux entre le roi, la ville et les communautés religieuses ; ses sous‑sols, restaurés en partie et accessibles au public sous condition, ont été classés en 1994. Parmi les autres regards parisiens subsistent les n°25, visible depuis l’avenue René‑Coty dans l’enceinte de l’hôpital La Rochefoucauld, et n°26 dans les jardins de l’Observatoire ; certains tronçons parisiens ont été cédés à des riverains et transformés en caves ou abris. Le débit primitif fut réparti en deux parts, 18 pouces pour le palais et les jardins du Luxembourg et 12 pouces pour les besoins publics, alimentant quatorze fontaines publiques ou privées telles que la fontaine des Carmélites, la fontaine du Pot‑de‑Fer rue Mouffetard, la fontaine Censier, la fontaine Saint‑Magloire, la fontaine du collège de Navarre, la fontaine Sainte‑Geneviève et la fontaine Saint‑Côme. Le pont‑aqueduc d’Arcueil‑Cachan est le seul ouvrage d’art en surface de l’aqueduc : long de 379 mètres et haut de 18,86 mètres, il se compose de deux massifs en maçonnerie encadrant une partie centrale de dix‑huit travées dont neuf arcades en plein cintre ; œuvre de Thomas Francine et de Louis Métezeau, il est classé au titre des monuments historiques. Le captage initial s’effectuait au carré des eaux de Rungis, une galerie collectrice alimentée par des barbacanes, mais ce bassin ne recueillait qu’environ 40 % des eaux de l’ancien aqueduc de Lutèce ; d’autres sources et captages, comme la Pirouette et le Maillet à Rungis, la Fontaine Pesée à Cachan et des prises de la plaine sud vers Wissous et Morangis, furent par la suite raccordés. À la fin du XIXe siècle et au XXe siècle, des travaux liés à l’aqueduc de la Vanne puis l’urbanisation et l’extension de l’aéroport d’Orly ont drainé et asséché la plupart des sources de Rungis, de sorte que l’aqueduc n’est aujourd’hui alimenté que par les eaux de la plaine de Paray et des coteaux de la Bièvre. Les eaux, longtemps réputées très limpides et fortement calcaires, ont perdu cette qualité avec l’urbanisation ; une analyse réalisée sur un prélèvement à Montsouris en 1996 montrait des concentrations élevées de bactéries pathogènes, de nitrates, de sulfates et de fer. Le musée Carnavalet conserve de nombreuses représentations et objets liés à l’aqueduc, dont une médaille de 1614 commémorant le commencement des travaux.
