Origine et histoire de l'Aqueduc Médicis du Pont-canal
L'aqueduc des Eaux de Rungis, dit aussi aqueduc Médicis et parfois aqueduc d'Arcueil, a été construit pour amener à Paris les eaux captées à Rungis. Construit sur ordre de Marie de Médicis, il repose en partie sur des plans de Thomas Francine commencés probablement en 1614 et le pont-aqueduc principal a été achevé vers la fin avril 1619. L'aqueduc a été mis en eau le 19 mai 1623 et il a fallu encore cinq ans pour qu'il alimente les fontaines publiques de Paris. Propriété de la Ville de Paris et géré par Eau de Paris, il est toujours en fonctionnement ; sa portion hors Paris est inscrite au titre des monuments historiques et certains éléments, dont le pont-aqueduc, sont classés. Long d'environ 12 936 mètres jusqu'au XIXe siècle, son tracé originel reliait le carré des eaux de Rungis au château d'eau de l'Observatoire à Paris, en traversant Fresnes, L'Haÿ-les-Roses, Cachan, Arcueil, Gentilly puis les 14e et 6e arrondissements. Sous le Second Empire, la partie parisienne a été déclassée et, depuis la suppression des réservoirs du Panthéon en 1904, le parcours utile mesure 10 420 mètres ; l'aqueduc traverse principalement en souterrain des propriétés privées soumises à une servitude de 30 mètres de part et d'autre. Le seul ouvrage d'art en surface est le pont-aqueduc d'Arcueil-Cachan, long de 379 mètres et haut de 18,86 mètres, œuvre de Thomas Francine et de Louis Métezeau, divisé en trois parties avec une partie centrale de dix-huit travées et neuf arches en plein cintre. Eugène Belgrand a utilisé la robustesse de ce pont pour appuyer, entre 1867 et 1874, les piles de meulière de l'aqueduc de la Vanne sur ses contreforts. L'eau circule dans une galerie souterraine d'environ un mètre de large et 1,75 mètre de hauteur, voûtée en plein cintre et bâtie en meulière et caillasse, dont le sol comporte deux banquettes et une cunette carrée de 40 centimètres de côté. Cette galerie, située jusqu'à quinze mètres sous le sol à certains endroits, offre un chemin praticable à sec sur toute sa longueur et présente une pente moyenne de 1,4 m pour 1 000 m ; l'eau y circule librement jusqu'au regard n°10 à Cachan, puis dans une conduite en fonte installée lors du raccordement aux réservoirs du Panthéon. La galerie a été restaurée ponctuellement après des glissements et aménagements, avec deux siphons aux emplacements des autoroutes A86 et A6 et une déviation au début des années 2000 pour contourner le parc Médicis ; dans Paris, des sections ont été coupées lors de percements de voiries et certains tronçons réutilisés comme caves ou abris. Des regards, édicules d'accès à la galerie et aux bassins d'oxygénation et de décantation, jalonnent le parcours ; la partie encore en service compte 21 regards et 258 trappes de visite, tandis que les regards n°1, n°3 et n°13 sont classés monuments historiques. Dans la partie parisienne, le château d'eau de l'Observatoire (regard n°27), dit Maison du Fontainier, répartissait en sous-sol les eaux entre le roi, la ville et les communautés religieuses ; ses sous-sols, restaurés en partie par des bénévoles, sont classés depuis 1994 et accessibles au public sous conditions. Parmi les autres regards parisiens subsistent les numéros 25 et 26, le n°23 ayant été dégagé puis remplacé par une copie du n°25 lors des travaux de la ZAC Alésia-Montsouris. À l'origine, le carré des eaux de Rungis collectait les sources qui affleurent au nord du village et marquait le point de départ de l'aqueduc au regard n°1 ; ce bassin captait toutefois seulement environ 40 % des eaux recueillies par l'ancien aqueduc de Lutèce. Pour augmenter le débit initial de 1 280 m3 par jour, d'autres captages ont été raccordés, notamment la Pirouette et le Maillet au début des années 1650, la Fontaine Pesée à Cachan en 1670, puis en 1782 des eaux de la plaine sud vers Wissous et Morangis ; plus tard, le drainage des plaines de Paray et de Chevilly-Larue fut organisé pour le raccordement de l'aqueduc de la Vanne. L'urbanisation et les aménagements modernes, tels que le Marché d'intérêt national, les infrastructures routières et l'aéroport d'Orly, ont asséché la plupart des sources historiques de Rungis et aujourd'hui l'aqueduc n'est alimenté que par les eaux de la plaine de Paray et des coteaux de la Bièvre. Les eaux de Rungis, longtemps réputées limpides et très calcaires, sont devenues au XXe siècle impropres à la consommation : une analyse réalisée sur un prélèvement à Montsouris en 1996 a montré des concentrations trop élevées de bactéries pathogènes, de nitrates, de sulfates et de fer. Le musée Carnavalet conserve de nombreux documents, objets et maquettes relatifs à l'aqueduc, dont la plus ancienne pièce est une médaille de 1614 commémorant le commencement des travaux.
