Aqueduc du Gier section du Langonand à Saint-Chamond dans la Loire

Aqueduc du Gier section du Langonand

  • 42400 Saint-Chamond
Crédit photo : Arnaud Fafournoux - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Patrimoine classé

Le canal sis chemin de la Marquette ainsi que le terrain correspondant à la zone de présomption de prescription archéologique, sur la parcelle n° 41, figurant au cadastre section ZA : inscription par arrêté du 28 septembre 2023

Origine et histoire

L’aqueduc du Gier est l’un des aqueducs antiques qui alimentaient Lugdunum (Lyon) ; avec environ 85–86 km il est le plus long des quatre et ses structures sont parmi les mieux conservées. Il puise son eau dans le Gier, affluent du Rhône, et son tracé principal part des hauteurs de Saint‑Chamond pour rejoindre Lyon en passant notamment par Mornant, Orliénas, Chaponost et Sainte‑Foy‑lès‑Lyon. La datation de sa construction a fait l’objet de débats : des tuyaux de plomb portant le nom de Claude, l’inscription dite « pierre de Chagnon » liée à Hadrien et une fontaine portant l’inscription CLAVD AVG ont tour à tour suggéré des attributions sous Claude, Auguste ou Hadrien. La découverte en 2018, dans les fondations du pont‑siphon de Beaunant, de restes de coffrages en bois datés par dendrochronologie de l’an 110 a permis d’attribuer la construction de cet ouvrage au règne de Trajan, sans exclure une mise au point ultérieure sous Hadrien. Les auteurs et savants locaux étudient l’aqueduc depuis le XVIe siècle ; des travaux de Delorme au XVIIIe siècle, des relevés de Paul de Gasparin au XIXe et la thèse exhaustive de Germain de Montauzan en 1908 ont jeté les bases de la recherche moderne. Depuis les années 1970 et notamment au début du XXIe siècle, de nouvelles recherches ont précisé l’emplacement des regards, le nombre de tunnels et certains aspects du tracé ; en 2001 moins d’une centaine de regards avaient été identifiés alors que l’ouvrage en comportait sans doute près d’un millier. Des restaurations récentes ont visé à restituer les niveaux de sol, supprimer la végétation et reprendre les maçonneries selon des techniques inspirées des solutions romaines, notamment à Chaponost en 2009‑2010, et l’aqueduc a été retenu pour bénéficier du loto du patrimoine en 2018. La réglementation antique relative à l’usage et à la protection de l’aqueduc nous est connue par deux bornes portant la même inscription latine, retrouvées à Chagnon (1887) et à Saint‑Joseph (1996) : elles rappellent l’ordre impérial interdisant de labourer, semer ou planter dans un espace destiné à protéger l’ouvrage. Le tracé présente une dénivellation totale de 105 m, soit une pente moyenne d’environ 1,1 m/km, et un débit estimé à 15 000 m3 par jour ; il comprend quatre siphons principaux et met en œuvre quasiment toutes les techniques romaines de construction d’aqueduc. Le parcours comporte une soixantaine à une trentaine de passages aériens en pont‑canal, des murs et arches, près de 73 km de tranchées couvertes avec un conduit de dimensions extérieures d’environ 3 m de haut sur 1,5 m de large, une douzaine de tunnels dont l’un de 825 m vers Mornant, ainsi qu’un grand nombre de regards de visite espacés selon les prescriptions antiques. Certaines parties offrent des vestiges remarquables : le réservoir de chasse et les piles du siphon de la Durèze à Genilac, le grand alignement et le réservoir de chasse au Plat de l’Air à Chaponost avec un parement en opus reticulatum alterné de briques, le pont‑canal complet de Jurieux et le pont‑canal des Granges près de Saint‑Maurice‑sur‑Dargoire, ainsi que les éléments du siphon de l’Yzeron et du pont‑siphon de Beaunant à Sainte‑Foy‑lès‑Lyon. Le franchissement de l’Yzeron, long d’environ 2 600 m entre réservoirs avec un bâti soumis à des pressions importantes et une partie basse formée d’un pont‑canal, illustre la complexité technique du système et la présence de tuyaux de plomb noyés dans un mortier étanche. Le franchissement de la Durèze est singulier car il combine un siphon et une tranchée contournant la vallée, ce qui ajoute près de 10 km au tracé total et traduit peut‑être des essais de fonctionnement ou des adaptations. De nombreuses sections et éléments de l’aqueduc ont été protégés au titre des monuments historiques à partir du XIXe siècle, avec des classements portant notamment sur le pont‑siphon de Beaunant (1875), des arches (20 mars 1912), le réservoir de Soucieu (1930) et les piles des Crêtes (1986), et d’autres protections étendues jusqu’en 2024. Cet ensemble témoigne de l’ampleur et de la diversité des techniques employées pour l’approvisionnement en eau de la ville antique et reste l’objet d’études, de restaurations et de mesures de conservation.

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