Origine et histoire de l'Aqueduc et les moulins de Barbegal
L'aqueduc et les moulins de Barbegal forment un complexe romain de meunerie hydraulique situé à Fontvieille, près d'Arles. Présenté comme « la plus grande concentration connue de puissance mécanique du monde antique », l'ensemble occupe le vallon des Arcs où deux ponts-aqueducs parallèles, partiellement en arches, témoignent des aménagements réalisés sur l'aqueduc d'Arles au début du IIe siècle. L'ouvrage primitif comportait deux branches convergeant vers un bassin d'où partait un conduit unique vers Arles ; la branche orientale fut détournée pour alimenter la meunerie de Barbegal tandis que la branche occidentale continua d'alimenter la ville. Un pont neuf traversait en tranchée le chaînon de la Pène pour conduire l'eau vers les moulins. L'eau actionnait deux séries de huit roues verticales à augets, disposées de part et d'autre d'une allée centrale, qui entraînaient des moulins à farine. La meunerie pouvait produire 4,5 tonnes de farine par jour, quantité estimée suffisante pour nourrir environ 12 500 habitants d'Arles. Des fouilles menées dans les années 1990 ont infirmé certaines hypothèses antérieures sur l'usage de l'installation, et une étude récente, fondée sur l'analyse des dépôts calcaires sur les roues, suggère que la farine servait à produire d'importantes quantités de pain destinées aux bateaux. Les investigations de l'émissaire oriental et du bassin amont indiquent une construction au début du IIe siècle et une activité jusqu'au début du IIIe siècle ; le propriétaire était probablement celui de la villa romaine voisine de la Mérindole. Fernand Benoit a proposé, comme interprétation, que l'ingénieur gallo-romain Q. Candidius Benignus ait réalisé le complexe ; le sarcophage qui lui est attribué comporte une inscription louant ses talents pour les ouvrages hydrauliques. Le débit de l'aqueduc a été estimé entre 240 et 1 000 litres par seconde et le dénivelé exploité par les moulins à environ 18 mètres. La puissance brute maximale de l'aménagement a été évaluée de l'ordre de 50 kW, soit une puissance brute d'environ 3 000 watts par moulin dans les deux séries de huit installations. À titre de comparaison, le barrage de Vallabrègues sur le Rhône a une puissance installée bien supérieure (210 000 kW). Entre 2017 et 2020, une équipe pluridisciplinaire dirigée par Philippe Leveau a restitué l'une des roues de la meunerie, restitution documentée par un film. Le site, partiellement classé au titre des monuments historiques depuis le 12 juillet 1886 et avec certaines parties inscrites depuis le 5 février 1937, présente encore aujourd'hui des vestiges importants de l'aqueduc et de la meunerie. La roue restituée, exposée au château de Montauban, complète la visite du site.
