Aqueduc romain de la montagne du Châtelet à Fontaines-sur-Marne en Haute-Marne

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Aqueduc romain de la montagne du Châtelet à Fontaines-sur-Marne

  • Pourchien
  • 52170 Fontaines-sur-Marne
Crédit photo : Sminiou - Sous licence Creative Commons
Propriété de la commune

Période

Gallo-romain

Patrimoine classé

Aqueduc romain sur la montagne du Châtelet (restes) : classement par arrêté du 26 décembre 1883

Origine et histoire de l'Aqueduc romain de la montagne du Châtelet

Le Châtelet de Gourzon, situé à Bayard-sur-Marne près de Fontaines-sur-Marne, occupe un plateau d'une vingtaine d'hectares dominant la vallée de la Marne et s'étend en contrebas sur la commune voisine. Le site, aujourd'hui couvert par la forêt et accessible seulement à l'ouest et à l'est du plateau, a connu des occupations successives : quelques vestiges du Néolithique, un développement de l'habitat à l'âge du bronze puis une occupation continue de l'âge du fer au Haut Moyen Âge. Les premières fouilles méthodiques ont été menées à la fin du XVIIIe siècle par Pierre-Clément Grignon (1772-1774) ; ses rapports, précis et analytiques, attirèrent l'attention de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres et bénéficièrent d'un financement royal, faisant de ces campagnes les premières fouilles subventionnées en France. Au XIXe et XXe siècles, d'autres chercheurs ont poursuivi les recherches, parmi lesquels l'abbé Gélin, l'abbé Fourot, Régis Colson, Yvon Gaillet et Louis Lepage, qui ont complété et publié les travaux antérieurs. Malgré ces campagnes, seule une faible portion de la ville a été dégagée sur les quelque 24 hectares que semble avoir occupés l'agglomération romaine ; une étude utilisant la méthodologie Lidar est en cours.

Les découvertes du site confirment une continuité d'occupation et une évolution des activités : des outils et armes néolithiques, puis à l'âge du bronze une hache à anneau, couteaux, poignards et épingles ; enfin, à la période gauloise, un oppidum lié à la culture hallstattienne et ténéenne avec des constructions quadrangulaires à quatre poteaux. Situé dans la partie occidentale du territoire des Leuques et proche des territoires des Rèmes et des Lingons, le Châtelet apparaît comme un centre d'échanges dont témoigne l'inventaire numismatique.

À l'époque romaine, le plateau accueille une importante agglomération secondaire des Leuques et semble alors être presque entièrement occupé. Les plans de fouilles du XVIIIe siècle montrent un urbanisme caractéristique des bourgs ruraux de Gaule romaine : un centre public jouxtant une place, des maisons groupées en îlots séparés par des rues plus ou moins quadrillées. Au cœur du site a été mis au jour un fanum avec une cella d'environ 65 m2 et des thermes équipés d'un système d'hypocauste. Les fouilles ont également révélé de nombreuses maisons avec cours, caves, puits ou citernes, ainsi qu'un quartier artisanal centré sur la poterie et la transformation du fer ; des carrières voisines fournissaient la pierre nécessaire aux constructions.

À l'est de l'agglomération, le long de la voie menant à Nasium, des travaux réalisés au milieu du XIXe siècle ont mis au jour un ouvrage hydraulique romain constitué d'un conduit souterrain pourvu de puits de service espacés de 6,21 mètres ; son exutoire, fortement restauré, est encore visible et les restes de cet aqueduc ont été classés au titre des monuments historiques en 1883. Les recherches récentes montrent qu'il s'agit d'un qanat captant les eaux de la nappe phréatique, et non d'un aqueduc classique alimenté par une source. La ville se trouvait à la croisée de deux voies romaines, facilitant les échanges, et des nécropoles et villas proches attestent des activités agricoles et des pratiques funéraires périphériques.

Le site présente des traces de destruction par incendie lors des grandes incursions des IIIe et IVe siècles, mais il reste occupé à l'époque mérovingienne, comme l'indiquent deux nécropoles situées sur le plateau et au pied du versant oriental. L'occupation décline probablement à la fin de l'époque mérovingienne, peut-être au profit du site d'Olonna / Saint-Dizier. De nombreux objets issus des fouilles — statues, sculptures, armes et parures — sont conservés dans des musées locaux et nationaux, et les publications fondatrices de Grignon ainsi que les travaux de Fourot et de Lepage constituent la documentation principale sur le Châtelet.

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